La comédienne d’origine hollandaise qui a beaucoup joué avec son mari Roland Giraud s’est éteinte, le 23 janvier à Sens, dans l’Yonne.
Passer la publicitéLe cancer aura eu raison de son éternelle gaîté. La dernière fois que Maaike Jansen s’est produite sur scène, c’était pour Hate Letters, une pièce écrite par Thierry Lassalle et Jean Franco en référence à Love letters , mise en scène par Anne Bourgeois en 2020. Déjà la comédienne donnait la réplique avec son époux et éternel « fiancé » Roland Giraud avec lequel elle vivait depuis 1966. « J’ai beaucoup de plaisir à jouer avec mon mari parce que j’ai confiance en lui. Il ne tire pas la couverture à lui », avait-elle dit au Soirmag.
Ils étaient à leur place dans ce couple qui s’échangeait des lettres d’amour revanchardes et pimentées d’humour. Comme dans la vie ! Ces deux tempéraments de feu se chamaillaient en public, mais la tendresse n’était jamais loin. Pendant des décennies, ils ont habité dans des appartements séparés « mais sur le même palier » du côté de la Butte Montmartre. Chaque matin, Maaike recevait une lettre d’amour de Roland.
Jolivet, Mocky, Vernoux, Onteniente
« Maaike était lumineuse, elle avait beaucoup de chic, elle portait bien sur scène, admire Francis Nani, le directeur du théâtre du Palais royal qui l’a souvent accueillie. Elle pouvait aussi faire rire que pleurer, comme partenaire elle était adorable. » Née le 5 décembre 1941 à Marcilly-le-Hayer (Aube), l’actrice blonde longiligne participe très jeune à des spectacles à l’école avant de prendre des cours d’art dramatique. Puis se distingue dans Le Malade imaginaire de Molière.
Cette admiratrice de Simone Signoret avait une vingtaine de films à son actif. Elle avait fait des débuts discrets dans Fantômas contre Scotland Yard d’André Hunebelle (1966). Elle est dirigée par des réalisateurs divers : Pierre Jolivet, Jean-Pierre Mocky, Marion Vernoux, Fabien Onteniente ou Samuel Benchetrit. Abonnée aux rôles de bourgeoises, Maaike Jansen s’était beaucoup amusé sous la robe de Paquita, la dresseuse de chien du Cabaret Paradis, le long-métrage de Shirley et Dino (2006).
Roland jouait en force, de façon musclée, elle était plus subtile, mais elle était davantage comédienne
Jean-Luc Moreau
Comme Roland Giraud, elle n’aimait rien tant que la scène et avait décroché de beaux rôles dans les années 2000. « Elle arrivait toujours en avance au théâtre », précise Francis Nani. « C’était une flippeuse », confirme Jean-Luc Moreau qui l’a souvent dirigée avec son mari, en particulier dans Le Technicien, une comédie qu’Éric Assous avait écrite pour eux sur mesure, en 2010, et Joyeuses Pâques de Jean Poiret en 2013 et 2014 : « Roland jouait en force, de façon musclée, elle était plus subtile, mais elle était davantage comédienne », se souvient le metteur en scène. « Elle aurait dû tourner davantage au théâtre et au cinéma », estime Francis Nani. C’est l’avis de Jean-Luc Moreau : « Maaike fait partie de ces formidables actrices qui n’ont pas séduit l’univers du cinéma. »
La disparition tragique de leur fille unique Géraldine, en 2004, les avait, si c’était possible, encore rapprochés. Son père avait joué avec elle Un soleil pour deux de Pierre Sauvil au Théâtre Montparnasse (1998). Croyante, Maaike Jansen avait encouragé Roland Giraud à remonter sur scène. « Dans ce métier quelque peu narcissique qui est le mien, chaque jour ma femme, par sa présence bienveillante à mes côtés, me rappelle l’essentiel », avait-il confié au journal La Croix.