Tennis : entre blessures et santé mentale vacillante, des années compliquées pour Caroline Garcia depuis son sacre au Masters en 2022

Le contrepied est réussi. Alors que la tendance est à l’allongement des carrières, Caroline Garcia a annoncé, vendredi 23 mai, qu’elle prendrait sa retraite cette saison, à 31 ans, à deux jours de l’ouverture de Roland-Garros 2025. Une décision prise en écoutant son "corps" et ses "aspirations personnelles", tant la joueuse a été usée par les blessures physiques et psychologiques ces dernières saisons, qui ne lui ont pas permis de confirmer après son dernier sacre en date, le Masters, remporté en 2022.

Ce Masters remporté face à l'actuelle n°1 mondiale Aryna Sabalenka, restera comme l’apothéose de la carrière en simple de Caroline Garcia. Conjugué à sa demi-finale à l’US Open, son meilleur résultat en Grand Chelem, ainsi qu’à sa victoire au WTA 1000 de Cincinnati quelques semaines plus tôt, il lui avait permis d’atteindre la 4e place mondiale, son meilleure classement en carrière, à l'issue de cette saison 2022. Mais paradoxalement, ces résultats, aussi positifs soient-ils, ont peut-être participé à sa perte. 

Avec ce nouveau statut, Caroline Garcia a connu une nouvelle pression, qui l’a accablée au point de ne plus jamais atteindre la deuxième semaine d’un tournoi du Grand Chelem depuis l’Open d’Australie en janvier 2023. Quand le printemps est arrivé cette année-là, avec la saison sur terre battue, la joueuse française a commencé à avoir du mal à enchaîner deux victoires. "J’ai eu une carrière incroyable - gagner des Masters 1000, les WTA Finals, des Grands Chelems en double, atteindre la 4e place mondiale. Mais dans mon esprit, je reste bloquée sur ce que je n’ai pas accompli. Je n’ai jamais atteint la place de numéro 1, jamais gagné un Grand Chelem, jamais atteint un podium olympique. J’ai été irrégulière, incapable de rester dans le top 10 pendant une année complète", expliquera-t-elle au moment de mettre fin à sa saison 2024 de manière précoce, en septembre, pour faire une pause.

"Mon état d’esprit était toxique. J’ai perdu le plaisir d’être une joueuse de tennis et je suis devenue  ansobstinée par le classement et les victoires [...] Je suis épuisée par l’anxiété, les crises de panique, les larmes avant les matchs. Fatiguée de manquer des moments en famille et de ne jamais avoir un endroit que je peux vraiment appeler chez moi", poursuivait-elle dans un long message sur ses réseaux sociaux. 

Le corps a lui aussi dit stop

Après cette pause salutaire, durant laquelle elle a profité pour fêter son anniversaire en famille et entre amis, suivre des cours de business à Harvard à distance, et poursuivre les enregistrements de son podcast "Tennis Insider Club" avec d’autres joueurs et joueuses du circuit, Caroline Garcia avait finalement repris le chemin des courts en janvier. Avec une attitude plus positive envers elle-même, et des attentes différentes. "Je ne veux plus que gagner un Grand Chelem ou revenir dans le top 5 soient mes objectifs. Je veux que ces réussites soient la conséquence - le résultat d’être heureuse, de travailler dur et de m’améliorer continuellement en tant que joueuse et en tant que personne", écrivait-elle encore sur ses réseaux sociaux. 

Malheureusement pour la Lyonnaise, le retour à la compétition ne s’est pas déroulé comme espéré. Sortie du top 100 pour la première fois depuis 2013, elle souffrait ces derniers mois d’une blessure au dos qui l’a contrainte à déclarer forfait pour tous les tournois depuis Miami, en mars dernier. Le 5 mai, la joueuse s'interrogeait sur les limites auxquelles pousser son corps, après avoir reçu la remarque : "Si tu tenais vraiment à ça, tu jouerais malgré la douleur". "Quelqu’un m’a dit ça il y a quelques semaines, après que j’ai expliqué que je n’étais pas prête à jouer, racontait-elle. Mais il y a une limite que nous devons apprendre à connaître et à respecter. Récemment, je me suis reposée presque entièrement sur des anti-inflammatoires pour réussir à gérer la douleur à l’épaule. Ces derniers mois, j’ai reçu des injections de corticoïdes, des traitements au plasma, et d’autres soins, uniquement pour pouvoir concourir". 

"Gagner sa vie en tant qu’athlète est un privilège incroyable, et j’en suis profondément reconnaissante. Mais forcer son corps au-delà des limites juste pour rester dans la course ? Peut-être que cette frontière-là ne devrait jamais être franchie."

Caroline Garcia

sur ses réseaux sociaux

Finalement, ces douleurs physiques comme mentales ont pris le dessus, poussant Caroline Garcia à raccrocher la raquette cette saison, sans préciser de date. "Depuis mes débuts, le tennis a toujours représenté bien plus que des victoires ou des défaites. C’était l’amour ou la haine. La joie ou la frustration. Et malgré tout, je suis profondément reconnaissante pour tout ce que cette aventure m’a offert", a-t-elle indiqué dans son message annonçant sa future retraite.

Libérée de ce poids, et si son corps la laisse un peu plus tranquille sur l’ocre parisienne, Caroline Garcia tentera de s’offrir de beaux adieux à Roland-Garros, où de merveilleux souvenirs de ses deux victoires en double avec Kristina Mladenovic resteront.