Projet de "gigabassines" : plusieurs centaines de personnes manifestent dans le Puy-de-Dôme

"Il faut faire bassine arrière". Plus de 5 000 militants, selon les organisateurs, 2 000 selon le gendarmerie, participent samedi 11 mai à une grande "randonnée pédagogique, festive et artistique" au départ de Vertaizon, dans le Puy-de-Dôme contre un projet des "deux plus grandes mégabassines de France". Les deux réserves d'eau, l'une de 14 hectares, l'autre de 18 hectares, sont destinées à irriguer 800 hectares dans la plaine de la Limagne, où est implanté Limagrain, quatrième semencier mondial.

Pour la plupart habillés en bleu pour "symboliser l'eau" à la demande des organisateurs – dont Extinction Rebellion et les Soulèvements de la Terre –, les manifestants se sont retrouvés dans une ambiance bon enfant, avec deux tracteurs emmenés par la Confédération paysanne et des banderoles : "zones humides partout, bassines nulle part" , "non aux grands projets inutiles et imposés".

Pas encore de demande formelle d'autorisation

La foule doit matérialiser dans l'espace le tracé d'une des deux retenues prévues, visant selon le collectif à "privatiser plus de 2,3 millions de m3 d'eau pour 36 exploitations, la plupart liées à Limagrain". "Ces gigabassines se rempliront directement par pompage" dans l'Allier, "une zone classée Natura 2000 qui supporte localement l'alimentation en eau potable de plus de 200 000 habitants", dénonce le collectif Bassines non merci, organisateur de l'évènement, dans un communiqué. "Il faut arrêter de piller notre ressource en eau, il faut prioriser l'agriculture de subsistance", a déclaré la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier samedi matin sur franceinfo. Selon la coopérative agricole, les retenues seraient remplies par prélèvements dans l'Allier entre le 1er novembre et le 31 mars, en respectant le débit autorisé de 45,7 m3/seconde.

Ces projets de mégabassines, portés par l'Association Syndicale Libre des Turlurons – qui regroupe 36 agriculteurs, dont le président de la coopérative Limagrain – n'ont pas encore fait l'objet de demande formelle d'autorisation, mais ses opposants souhaitent obtenir un moratoire. Les militants accusent Limagrain de pousser "officieusement" le projet pour "sécuriser sa production de maïs semence destinée à l'exportation".