La guerre continue. Mardi 24 juin, la Défense civile de la bande de Gaza a annoncé que 46 personnes attendant de l'aide avaient été tuées et des dizaines d'autres blessées par des tirs israéliens près de centres de distribution dans le territoire palestinien affamé par plus de 20 mois de guerre. Plus inquiétant encore : l'Unicef estime à 112 enfants - entre 6 mois et 5 ans - admis en urgence chaque jour à l'hôpital pour cause de malnutrition aiguë à Gaza, depuis janvier 2025.
En seulement 150 jours, de début janvier à fin mai, plus de 16 000 enfants ont été admis en urgence à l'hôpital pour cause de malnutrition dans l'enclave, où tout manque depuis la violation du cessez-le-feu par Israël et la fin de l'acheminement de l'aide humanitaire. Le lait infantile est ainsi devenu extrêmement rare et les mères ont-elles mêmes du mal à se nourrir.
"Je n'ai rien à lui offrir"
Depuis le camp de déplacés d'Al-Mawasi, à Khan Younès, Malak, jeune maman réfugiée sous une tente, appelle à l'aide. "La situation est extrêmement difficile. Nous vivons dans une tente et j'ai un enfant, je n'ai rien à lui offrir. Pas de couches, pas de lait… Les rares boîtes de lait coûtent 100 dollars", explique-t-elle, avant d'être coupée par un réseau téléphonique toujours instable.
À l’extérieur de Gaza, les familles de ces Palestiniens pris au piège sont elles aussi impuissantes face à la gravité de la famine. "Ma sœur vient d'accoucher à l'hôpital américain et le bébé est né dans de très mauvaises conditions, décrit Dalia, une Gazaouie qui vit aujourd'hui en Égypte et dont la famille est restée dans le camp d'Al-Mawasi. D'abord, il a un gros problème de poids", dénonce-t-elle.
"Le bébé ne pèse qu'un kilo et demi à cause du manque de nutrition de sa mère. Ma sœur est très anémiée. Et bien sûr, elle ne trouve pas de lait !"
Dalia, une Gazouie qui vit en Egypteà franceinfo
"Ils ont le droit de vivre, le droit d'être nourris !"
L'hôpital Nasser de Khan Younès accueille de nombreux bébés très fragiles. Le chef de service de pédiatrie, le Dr Al Farah, alerte, lui aussi sur la pénurie de lait infantile : "Dans toute la bande de Gaza, tous les bébés prématurés sont en danger. Dans mon service, il y a une vingtaine de bébés en danger. Et ce ne sont pas juste des chiffres, ce sont des êtres humains ! Ils ont le droit de vivre, le droit d'être nourris !", s'insurge-t-il.
Ce médecin ne voit qu'une seule issue pour sortir de cette pénurie : "Quand il y aura assez de pression sur les forces d'occupation pour ouvrir les frontières pour le lait !". Avant de lancer un appel à la France : "Monsieur Macron, s'il vous plaît, sauvez les bébés de Gaza ! Que l'Etat Français demande à l'Etat d'Israël de laisser entrer le lait".
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) dénonce "une famine organisée", des "conditions créées pour tuer".