«La mort de Yahya Sinwar doit être le moment de tourner la page de la guerre à Gaza», exhorte le chef de la diplomatie française

Au lendemain de la mort du chef du Hamas Yahya Sinwar, éliminé par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a estimé ce vendredi 18 octobre que l’élimination de «l’architecte du pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah» devait être «un tournant» dans la guerre qui fait rage depuis un an entre Israël et le groupe islamiste dans le territoire enclavé.

«C’est le moment de tourner la page de la guerre à Gaza : libération des otages, cessez-le-feu inconditionnel, acheminement massif et sans entrave d'aide à Gaza. Ça doit être l'occasion de faire cheminer la région vers la paix», a-t-il déclaré au micro de France Inter. Et d’ajouter : «C'est maintenant dans l'intérêt d'Israël que la guerre s’arrête, que la colonisation en Cisjordanie s'arrête et que soit enfin discutée cette solution à deux États. La sécurité d'Israël ne peut en être garantie que si la diplomatie prend le pas sur la force.»

Concernant la Cisjordanie, le locataire du Quai d’Orsay a d’ailleurs précisé que la France «travaille» au niveau européen pour faire adopter un «troisième train de sanctions» contre des colons juifs ultranationalistes. «Ce qui s’y passe est une atteinte brutale qui fragilise la perspective d'un État de Palestine vivant en paix et en sécurité aux côtés d'un État d'Israël», a déclaré Jean-Noël Barrot.

«Netanyahou a démontré qu'il déconsidérait l'ONU»

Toujours au sujet d’Israël, le ministre a tenu à clarifier les propos du président de la République qui a déclaré qu’il fallait arrêter de livrer des armes à Jérusalem et qui a enjoint à Benyamin Netanyahou «de ne pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU» - une saillie déformée et sortie de son contexte, s’est défendu hier Emmanuel Macron.

«Je ne crois pas qu’il y ait une rupture entre nos deux pays, a affirmé Jean-Noël Barrot. La France se tient toujours du côté du droit international et dénonce systématiquement les violations du droit international. Nous devons tout faire aujourd'hui pour défendre l'ONU. C'est pourquoi, ce n'est pas faire offense au peuple d'Israël et au peuple juif, que de dire au gouvernement d'Israël de laisser entrer massivement l'aide humanitaire à Gaza, de cesser de coloniser la Cisjordanie, de s'abstenir de prendre pour cible les casques bleus et tout simplement de s'engager dans les discussions de paix.»

Enfin, selon le diplomate, le premier ministre israélien «Benyamin Netanyahou a démontré, lorsqu'il s'en est pris à des responsables d'agences de l'ONU, lorsqu'il porte atteinte aux casques bleu de la Finul au Liban, qu'il déconsidérait l'ONU».

«Quand les conditions sont réunies, la France parle à tout le monde»

Alors que l’État hébreu combat aussi contre le Hezbollah libanais, notamment dans le sud du pays du Cèdre, le diplomate français a accueilli «favorablement» la main tendue iranienne, révélée hier par Le Figaro , pour négocier avec la France un cessez-le-feu. Le président du Parlement iranien, Mohammad Ghalibaf, a laissé entendre dans nos colonnes que Téhéran serait prêt à négocier avec Paris une application de la résolution 1701 de l'ONU qui prévoit que seule l'armée libanaise peut être déployée dans le sud du pays. Une condition essentielle pour un retour vers la paix.

«Quand les conditions sont réunies, la France parle à tout le monde. Lorsque nous avons, il y a trois semaines, proposé une formule de trêve pour le Liban suivi d'un cessez-le-feu, nous avons échangé avec l'Iran qui est un acteur important dans la région et qui méritait d'être consultée pour que cette proposition puisse être crédible. Maintenant, il faut que les propos soient suivis des actes», exhorte Jean-Noël Barrot.

Le ministre a par ailleurs dessiné les contours de la conférence internationale consacrée au Liban voulue par Emmanuel Macron, qui se tiendra le 24 octobre à Paris. «Le but c'est de rallier le plus grand nombre de pays à l'aide humanitaire dont le Liban a besoin. Ce sera également l'occasion de parler de l'avenir institutionnel du pays», qui n'a pas de président depuis deux ans. «Si nous ne faisons rien, le Liban demain ressemblera à la Syrie aujourd'hui, un foyer d'émigration massive de civils innocents qui fuient les persécutions en Europe», a conclu Jean-Noël Barrot.