Palme d'or : la France accusée de propos "insultants" par l'Iran qui convoque le chargé d'affaires
L'Iran a convoqué le chargé d'affaires français à Téhéran pour protester contre les propos "insultants" de Paris, après la consécration au Festival de Cannes du cinéaste dissident Jafar Panahi, a rapporté dimanche 25 mai un média d'État.
"Suite aux propos insultants et aux allégations infondées du ministre français des Affaires étrangères à l'encontre de l'Iran, le chargé d'affaires à Téhéran a été convoqué au ministère", a indiqué l'agence officielle Irna. Dans un message sur X lié à la Palme d'or, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait critiqué "l'oppression du régime iranien".
"Dans un geste de résistance contre l'oppression du régime iranien, Jafar Panahi emporte une Palme d'or qui ravive l'espoir pour tous les combattants de la liberté, partout dans le monde", a-t-il écrit, provoquant l'ire des autorités en Iran.
"Agenda politique contre la République islamique"
L'Iran condamne "l'utilisation abusive par le gouvernement français" du Festival de Cannes "pour faire avancer son agenda politique contre la République islamique", précise Irna.
Dimanche, aucun responsable n'a commenté la deuxième consécration à Cannes d'un Iranien, après celle d'Abbas Kiarostami pour "Le goût de la cerise" en 1997.
Critique du pouvoir, Jafar Panahi a été incarcéré à deux reprises en Iran : 86 jours en 2010 et près de sept mois entre 2022 et 2023.
Les quotidiens réformateurs Etemad, Shargh et Ham Mihan ont rapporté en ligne de façon factuelle la victoire de Jafar Panahi, sans la commenter, tandis que la plupart des médias ont fait l'impasse sur ce sujet.
La télévision d'État a ainsi passé sous silence la Palme d'or, mettant l'accent sur le Festival du film de la Résistance, un événement officiel qui prime des œuvres pro-palestiniennes ou sur la guerre Iran-Irak (1980-1988).
Grand nom du cinéma iranien, Jafar Panahi a vu ses œuvres régulièrement primées dans les plus grands festivals, de Cannes à Venise en passant par Berlin.
Le réalisateur doit rentrer dimanche en Iran, un retour, a-t-il déclaré à l'AFP, qui ne lui fait "pas du tout" peur.
"Les voyageurs rentrent chez eux", a-t-il écrit dimanche sur Instagram, accompagné d'une photo de lui et de l'équipe de tournage.
Avec AFP