Fin du suspense pour la direction du festival Montpellier danse

La bataille a été rude. Les candidats étaient légion pour succéder à Jean-Paul Montanari, l’homme qui, avec la complicité du chorégraphe Dominique Bagouet et du maire Georges Frêche, avait lancé il y a 45 ans Montpellier danse devenu depuis l’un des plus importants festivals de danse du monde. Surtout que le cahier des charges a changé. Montpellier en matière de danse possède deux blasons : le centre chorégraphique national, doublé du master Exerce, pour la formation des danseurs et chorégraphes, et Montpellier danse, qui assure la saison et le festival. Les deux entités, logées à l’Agora, beau bâtiment historique au cœur de l’Écusson, fonctionnaient jusqu’à présent de manière indépendante. Il s’agissait désormais de présenter un projet qui les réunisse. Une manière d’aller un pas plus loin et de développer une Agora de grande envergure. Les candidats devaient composer des tandems directeur et chorégraphes.

La short list arrêtée le 25 janvier retenait quatre projets. Une candidature dominait : l’association de Dominique Hervieu, Hofesh Schechter, Jann Gallois  et Pierre Martinez. Des noms qui touchent au sommet: Dominique Hervieu possède une expérience qui n’a d’égal que son enthousiasme : danseuse, chorégraphe, directrice de compagnie avec José Montalvo, elle a codirigé avec lui Chaillot, théâtre national de la danse, puis succédé à Guy Darmet à Lyon, à la tête de la Maison de la Danse et de la Biennale. Le Comité de Paris 2024 est venu l’y chercher pour travailler sur la programmation culturelle des jeux Olympiques. À ses côtés, Hofesh Schechter, chorégraphe que sa prestation dans En Corps de Klapish et ses créations au Théâtre de la Ville ou à l’Opéra de Paris ont rendu incontournable. Jann Gallois est une jeune pointure venue du hip-hop et inspirée par la musique et le bouddhisme. Pierre Martinez, à la stratégie managériale, a travaillé avec Dominique Hervieu aux JO et à la Maison de la Danse.

Malgré cela, la bataille a été rude. Certes, aucun des autres candidats n’atteignait ces hauteurs. Mais Nicolas Dubourg, faisait figure de choix politique local. Ancien président du Syndeac, et directeur du théâtre de la Vignette à Montpellier, il arrivait avec une moindre connaissance de la danse que ses compétiteurs, et deux chorégraphes Arkadi Zaides et Lenio Kaklea, de réputation mesurée. Mais proche du maire Michael Delafosse, et son allié électoral, il aurait pu rafler la mise. Comme les langues grondaient fort comme ce qui aurait pu paraître comme du favoritisme, le choix aurait pu se porter par défaut sur une autre candidature, celle de Jan Goossens, ancien directeur du festival de Marseille, avec Nacera Belaza, chorégraphe qui a fait les belles heures de Montpellier Danse. Ou sur la candidature internationale défendue par la chorégraphe américaine Annie Hanauer avec Emanuele Masi, ancien directeur du Festival Bolzano Danza.

Au-delà de leurs noms prestigieux et du professionnalisme avéré de ses auteurs, le projet Hervieu-Schechter-Gallois-Martinez s’est distingué par son enthousiasme et sa vitalité et son ouverture. Dominique Hervieu n’a plus besoin de se donner une contenance en portant un projet. Elle va au-delà. Que ça pulse, invente et lance de nouvelles pistes par les artistes, rien que par les artistes, et tout par les artistes. Qui s’installeront à Montpellier. Hofesh Schechter qu’on sait londonien, implantera sa compagnie Junior, Hohesh 2, à Montpellier. « C’est un projet qui va remettre au centre l’Agora, et créer un écosytème où toutes les missions seront liées: l’accueil studio d’artistes en résidence, connecté à la programmation de spectacles, et la formation de danseurs et chorégraphes à travers Exerce pour lesquels la compagnie Hofesh 2 servira de compagnie d’insertion. Cela créera une plateforme d’une quarantaine d’étudiants qui vont s’enrichir les uns les autres, et se nourrir d’une pluralité de démarches chorégraphiques », dit Dominique Hervieu. Avec cette combinaison qui sert à la fois la création de pièces et la formation de chorégraphes et d’interprètes, Montpellier est assuré de se tailler la part du lion !