Régulation des émissions de gaz à effet de serre : l'administration Trump recule

La lutte contre le changement climatique aux États-Unis encore un peu plus mise à mal. Le gouvernement de Donald Trump a annoncé mardi 29 juillet revenir sur une décision clé pour la régulation des émissions de gaz à effet de serre.

"Si elle est finalisée, l'annonce d'aujourd'hui serait la plus grande mesure de dérégulation de l'histoire des États-Unis", s'est félicité Lee Zeldin, le patron de l'Agence fédérale de protection de l'environnement (EPA), depuis une concession automobile d'Indianapolis, dans le nord du pays.

Soutenu par les industries fossiles, le président américain a depuis son retour au pouvoir en janvier multiplié les mesures hostiles à la lutte contre le réchauffement climatique. Les États-Unis sont le deuxième plus gros émetteur mondial et le plus important de l'histoire.

L'annonce de mardi, qui doit encore passer par une consultation publique de 45 jours, s'attaque à une décision prise pendant le premier mandat de l'ex-président Barack Obama. Cet "Endangerment Finding" de 2009 constitue la base légale de très nombreuses régulations fédérales. Poussée par un jugement de la Cour suprême, l'EPA s'était déclarée compétente pour réguler les émissions de gaz à effets de serre.

"Effets bénéfiques"

Mais mardi, sous la présidence Trump, l'agence s'est attaquée à cette décision dans un document de 302 pages. Elle affirme, contre le large consensus scientifique global, que "les phénomènes météorologiques extrêmes n'ont pas augmenté de manière incontestable par rapport aux records historiques", saluant même les "effets bénéfiques" des émissions de gaz à effet de serre, notamment sur la productivité agricole.

Selon l'actuel patron de l'EPA, l'agence avait fait à l'époque des "raccourcis intellectuels". "Les conservateurs aiment l'environnement", a assuré mardi Lee Zeldin sur le podcast "Ruthless Podcast." Mais "il y a des personnes qui (...) sont prêtes à ruiner le pays au nom de la justice environnementale."

Sa décision devrait notamment permettre une vaste dérégulation pour le secteur automobile en assouplissant les règles sur les émissions des véhicules. Lee Zeldin lui-même a reconnu qu'il souhaite ainsi s'en prendre aux mesures imposées sous le mandat de Joe Biden incitant les Américains à se tourner vers les véhicules électriques.

Le secteur des transports constitue aux États-Unis la première source d'émissions de gaz à effet de serre, l'essentiel des Américains utilisant la voiture pour leurs trajets quotidiens. Si le secteur américain des transports était un pays, il serait le quatrième plus gros émetteur de gaz à effet de serre du monde, selon l'ONG Natural Resources Defense Council.

La décision de mardi devrait aussi toucher les règles concernant les émissions des centrales à gaz ou à charbon. Environ 60 % de l'électricité américaine est tirée des combustibles fossiles.

Dan Becker, de l'association environnementale Center for Biological Diversity, a assuré à l'AFP que la décision de 2009 avait résisté à plusieurs assauts juridiques. "Mais cette fois-ci, c'est le gouvernement lui-même qui mène l'attaque", a-t-il déploré.

Jusqu'à la Cour suprême

Ce retour en arrière sera probablement contesté devant la justice, jusqu'à la Cour suprême. Et donner raison à l'administration Trump équivaudrait à un revirement de jurisprudence : c'est une décision de la Haute cour, en 2007, qui est à l'origine même de l'"Endangerment Finding".

"J'espère que (les juges) vont reconnaître qu'il s'agit là de science et non de politique", a ajouté Dan Beckern, observant toutefois que la Cour suprême est "très politisée". Elle est aujourd'hui constituée de six juges conservateurs contre trois progressistes.

Pour Camille Pannu, spécialiste en droit de l'environnement à l'université Columbia, l'administration Trump n'a pas présenté d'arguments juridiques solides. "Ils espèrent simplement pouvoir ne pas réguler pendant quatre ans (durée du mandat présidentiel, ndlr) et faire des choses insensées", à la faveur de procédures interminables devant les tribunaux, a-t-elle dit à l'AFP.

Depuis son retour, Donald Trump a quitté l'Accord de Paris sur le climat et favorisé l'exploitation du gaz et du pétrole, notamment dans des régions sauvages de l'Alaska.

Avec AFP