"Once Upon a Time in Gaza" : chronique d'une vie tronquée dans l'enclave palestinienne par Tarzan et Arab Nasser
Avec Once Upon a Time in Gaza, sorti mercredi 25 juin sur les écrans français, les cinéastes palestiniens Tarzan et Arab Nasser retrouvent leur territoire de prédilection décrit aujourd'hui par l'Unicef comme "un cimetière à ciel ouvert". La guerre menée par Israël contre le Hamas, depuis les attaques terroristes du 7-Octobre, a tué "56 637 personnes" dont "15 613 enfants" dans l'enclave palestinienne, selon les dernières estimations citées par l'Unicef.
Au démarrage de Once Upon a Time in Gaza, on entend la proposition sidérante du président américain Donald Trump de transformer la bande de Gaza en "Riviera du Moyen-Orient" après l'avoir vidée de sa population. Plus tard, on découvre à l'image les colonies israéliennes avant de se retrouver en 2007 à la rencontre des héros du long-métrage, Osama et son jeune comparse Yahya.
Petits trafiquants de drogue sous couvert de leur restaurant de falafels, les deux hommes vivotent comme tous les Palestiniens enfermés à Gaza. Mais ils ont en plus sur le dos un policier véreux, Abou Sami. Deux ans plus tard, Yahya, à qui le ministère de la Culture propose le premier rôle d'un film à la gloire des martyrs, Le Rebelle, recroise le chemin du flic ripou qui a été depuis promu.
Tarzan et Arab Nasser, qui ont remporté le Prix de la mise en scène à Un certain regard pendant le dernier Festival de Cannes, ont trouvé un moyen singulier de se concentrer sur des anonymes vivant dans l'enclave palestinienne sans bien évidemment ignorer l'environnement politique. D'abord grâce à une mise en abyme qui permet aux frères Nasser de raconter l'histoire d'un tournage dans leur film, celui du "premier film d'action tourné à Gaza", une commande du ministère de la Culture palestinien. Les différences de cadre permettent de basculer de leur long flash-back aux extraits du film réalisé dans la fiction.
"Le choix de 2007 n'était pas anodin. C'était une année charnière qui a profondément influencé le cours des événements à Gaza jusqu'à aujourd'hui. Cette année a suivi la victoire du Hamas [mouvement islamiste palestinien] aux élections législatives, qui a conduit à un blocus militaire, politique et économique. Israël considérait Gaza comme une entité hostile et a imposé un siège asphyxiant et inhumain sur plus de deux millions de personnes. Nous avons choisi cette année, car elle a marqué un tournant brutal", expliquent les frères Nasser.
Du côté de l'intrigue de Once Upon a Time in Gaza, humour noir et situations frisant le burlesque alimentent la chronique de tout ce qui pèse sur la vie des Gazaouis depuis 1948, année de l'exil forcé du peuple palestinien et de la proclamation de l'État d'Israël. Par exemple, l'impossibilité pour Yahya de quitter Gaza quand il veut rendre visite à sa famille. La photo, où les ambiances sombres sont plus récurrentes que les atmosphères lumineuses, renforce ce sentiment de vivre dans une impasse comme celle que Yahya traverse souvent après le travail.
Vivre, tout simplement
Les mots fusent aussi pour raconter l'histoire d'une lutte permanente contre "l'ennemi sioniste". Comme quand Osama réclame au médecin qui veut lui prescrire un antalgique pour une douleur au poignet, une substance plus forte. Raison avancée : son articulation fait des siennes depuis qu'il a participé à l'Intifada (soulèvement dans l'enclave contre l'occupation israélienne). De même, les coupures de journaux qui servent à emballer les falafels rendent compte de la stagnation des négociations entre Israël et la Palestine, sous l'égide des États-Unis, depuis sept décennies.
Les déboires d'Osama et Yahya, leurs échanges, leurs attitudes arrachent parfois un sourire, même un rire, quand l'heure est plutôt aux larmes face à la tragédie palestinienne qui perdure. Dans le document publié le 25 juin, l'Unicef souligne le lourd tribut payé par les enfants dans cette guerre entre le Hamas et Israël. "Les enfants – dont la vie ne devrait jamais être réduite à des chiffres – font désormais partie d'une liste longue et déchirante d'horreurs absolues. Autrement dit, c'est la vie même qui est anéantie dans la bande de Gaza", affirme Edouard Beigbeder, directeur régional de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. "Il y aura une fin...", assure le long-métrage des frères Nasser : l'optimisme, quand l'horreur est devenue indicible, sonne comme une prière.
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La fiche
Genre : Drame
Cinéaste : Arab et Tarzan Nasser
Avec : Nader Abd Alhay, Majd Eid, Ramzi Maqdisi
Pays : Palestine/France/Allemagne
Durée : 1h27
Sortie : 25 juin 2025
Distributeur : Dulac Distribution
Synopsis : Il était une fois, à Gaza en 2007. Yahya, étudiant rêveur, se lie d'amitié avec Osama, dealer charismatique au grand cœur. Ensemble, ils montent un trafic de drogue, caché dans leur modeste échoppe de falafels. Mais ils croisent le chemin d'un flic corrompu venu contrarier leur plan.