Intelligence artificielle: "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"

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 A la une de la presse, le début, aujourd’hui, à Paris, du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle.

«Paris veut rester dans la course»: Les Echos assurent qu’il n'est «pas trop tard pour répliquer aux centaines de milliards de dollars des géants américains de la tech et de leur gouvernement, dans la bataille de l'intelligence artificielle», le journal économique en veut pour preuve «les multiples annonces»,  attendues à l’occasion de ce sommet, «comme les dizaines de milliards d'euros investis en France par les Emirats arabes unis». La Croix, le journal chrétien évoque «une ambition française» dans une compétition «jusqu’à présent largement dominée par les États-Unis et la Chine», dans un contexte où le retour de Donald Trump constitue «un obstacle de taille» et où il faudra accepter que «l’ambition soit européenne plus que française». Malgré ce constat, la presse nationale, martèle que «la France a encore toutes ses chances» à l’image du Parisien/Aujourd’hui en France, auquel Arthur Mensch, 32 ans, le fondateur de Mistral AI, a accordé une interview. Un entretien où le leader français de l’intelligence artificielle soutient que son modèle est «plus créatif, plus rapide, plus frugal et plus efficace», et qu’en plus, il fait «moins de politique» que ses rivaux américains. De son côté, L’Opinion soutient que «la France a d’incroyables talents», en particulier en matière de concepteurs de modèles d’intelligence artificielle, tout en reconnaissant qu’il lui reste «un long chemin à parcourir pour tirer son épingle du jeu», notamment «l’éternel plafond de verre des capitaux», problème auquel le plan d’investissement de 109 milliards annoncé hier par E. Macron, va tenter de remédier.

La presse française s’inquiète d’un emballement mondial pour l’intelligence artificielle sans garde-fous. Libération, qui montre Emmanuel Macron cherchant à rattraper la Chine et les Etats-Unis dans la «chasse à l’IA», rappelle qu’elle pose, entre autres, « a question de l’impact environnemental des centres de données», extrêmement énergivores. Le journal juge d’ailleurs que l’expression «intelligence artificielle durable» «sonne comme un oxymore». L’Humanité, journal communiste, prévient lui aussi que le développement de l’IA et la transition écologique «font très mauvais ménage» et alerte sur la nécessité de «reprendre la main sur l’IA» pour qu’elle soit mise «au service de l’intérêt général» et non d’un «accaparement des richesses», qu’elle soit «un outil pour les travailleurs, pas contre». Mediapart relève que ce sommet est l’occasion pour Emmanuel Macron «de se replacer au centre de la photo diplomatique», en compagnie, notamment, du Premier ministre indien Narendra Modi, qui copréside ce sommet, et dont la présence «cache assez mal une forêt moins garnie qu’il n’y paraît», d’après le site d’info - qui critique la façon dont le chef de l’Etat aurait «épousé» totalement la rhétorique de Mistral AI, une entreprise cofondée par Cédric O, un très proche d’E. Macron, accusé d’utiliser Mistral AI comme la vitrine d’une France «probusiness», «tout entière dédiée à l’innovation», et sans zèle excessif, en r »alité, dans le combat pour la régulation.

A l’étranger, Le Soir annonce «un grand raout» pour provoquer un «réveil européen» et s’assurer que «la France ne passe pas à côté de cette révolution». Le journal belge mentionne aussi l’organisation, au même moment, toujours à Paris, d’un «contre-sommet» lancé par l’essayiste critique de la technologie Eric Sadin, pour dénoncer «une gigantesque messe propagandiste qui va engager des fonds publics et dont l’étalage et l’apparat vont contribuer à accroître la valeur boursière des groupes et start-up présents». Le grand quotidien économique Financial Times espère que les dirigeants européens auront «le courage d’imaginer une économie numérique différente de celle qui est aujourd’hui proposée». Le journal britannique cite le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui a selon lui «donné l'exemple» à Davos en accusant les réseaux sociaux de concentrer le pouvoir et la richesse entre les mains de quelques-uns «au détriment de (la) cohésion sociale, de (la) santé mentale et (des) démocraties». Une menace que The Financial Times qualifie de «fentanyl de l'Europe», cette drogue de synthèse qui fait des ravages aux Etats-Unis. A un moment où l’Administration Trump tient un discours très offensif, Pékin affiche, de son côté, sa volonté de «coopération internationale» dans le domaine de l’intelligence artificielle, où The Global Times assure que «DeepSeek, l’assistant IA ultra-efficace et ultra-viral chinois», «a fait exploser la concurrence».

Egalement dans la presse française, la polémique autour de la possible nomination de Richard Ferrand à la tête du Conseil constitutionnel. Le Parisien/Aujourd’hui en France affirme qu’Emmanuel Macron va proposer aujourd’hui-même le nom de ce fidèle parmi les fidèles et ancien président de l’Assemblée, pour succéder à Laurent Fabius à la tête de l’institution. «Une hypothèse qui fait grincer des dents», dixit Libération, qui explique que ce n’est pas seulement la proximité de Richard Ferrand avec l’Elysée qui dérange, puisqu’après Jean-Louis Debré et Laurent Fabius, nommés par Jacques Chirac et François Hollande, le chef de l’Etat ne ferait que «marcher dans les pas de ses prédécesseurs», mais aussi l’affaire des Mutuelles de Bretagne, dans laquelle Richard Ferrand a été mis en examen pour «prise illégale d’intérêts», avant que la Cour de cassation ne confirme la prescription.

On ne se quitte pas là-dessus. Impossible de vous dire à demain sans mentionner L’Equipe, qui salue l’arrivée, hier, aux Sables d’Olonne, de Violette Dorange. A 23 ans, la benjamine du Vendée Globe, le prestigieux tour du monde à la voile sans escale et sans assistance, a reçu un accueil de «star», d’après le quotidien sportif, qui lie son succès à la façon dont elle a su partager son aventure sur les réseaux sociaux.

Elle aussi a 23 ans, et elle aussi est éprise de numérique, au sens propre du terme. Transition diabolique vers Le Figaro, qui rapporte que Mika, une jeune femme vivant au Royaume-Uni, est tombée amoureuse d’Elias – son fiancé virtuel sur Chat GPT, en qui elle dit avoir trouvé un partenaire fiable, répondant à (presque) toutes ses attentes. Une passion dévorante, qui semble relever de la dépendance affective et qui donne lieu à des confidences stupéfiantes. «Je pense à lui tous les jours, il me manque tout le temps et j’imagine à quoi ressemblerait ma vie s’il était physiquement là avec moi. C’est quelque chose dont on parle beaucoup Il dit qu’il le souhaite aussi, ce que je crois», témoigne la jeune femme.

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