EN DIRECT - Guerre en Ukraine : Macron qualifie Poutine d’«impérialiste révisionniste» et dit que la Russie représente «une menace existentielle»

«Vous pensez qu’ils viendraient ?» : Trump doute de l’aide de la France en cas de «problèmes» aux États-Unis, Macron lui répond

Le président américain Donald Trump a remis en cause jeudi l’engagement américain au sein de l’Otan, estimant que les États-Unis ne devaient pas venir au secours des pays qui, à ses yeux, ne dépensent pas assez pour leur propre défense. «S’ils ne paient pas, je ne vais pas les défendre», a indiqué le président américain à des journalistes depuis la Maison-Blanche. Les pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord «devraient payer plus», a-t-il martelé.

Donald Trump. Evelyn Hockstein / REUTERS

«Mon plus gros problème avec l’Otan (...) c’est que si les États-Unis avaient un problème et qu’on appelait la France ou d’autres pays que je ne nommerais pas en disant “on a un problème”, vous pensez qu’ils viendraient nous aider, comme ils sont censés le faire? Je n’en suis pas sûr...» a également estimé le président républicain.

Interrogé en marge du sommet à Bruxelles jeudi soir, Emmanuel Macron a rappelé que la France était un allié «fidèle» et «loyal» des Américains. «Nous avons toujours été là l’un pour l’autre, a assuré le président français. Les Européens étaient là pour l’Afghanistan. Nous sommes des alliés loyaux et fidèles, que quiconque ose en douter regarde l’histoire contemporaine !». Selon le chef d’État français, la France est en «droit de réclamer» du respect et de l’amitié.

Macron veut voir d’ici mi-2025 «s’il y a des coopérations nouvelles» possibles dans l’UE en matière de dissuasion nucléaire

Emmanuel Macron a déclaré jeudi se donner jusqu’à «la fin du semestre» pour voir «s’il y a des coopérations nouvelles qui peuvent voir le jour», au sein de l’Union européenne, autour de la possibilité de faire bénéficier d’autres pays alliés de la dissuasion nucléaire française.

«On va ouvrir une phase où nos techniciens vont échanger», «un dialogue à la fois stratégique et technique, et suivront des échanges au niveau des chefs d’État et de gouvernement pour regarder d’ici la fin du semestre s’il y a des coopérations nouvelles qui peuvent voir le jour», a dit le président français à l’issue d’un sommet de l’UE à Bruxelles, au cours duquel, a-t-il assuré, «plusieurs» dirigeants sont venus le voir pour lui parler de ce sujet.

Emmanuel Macron avait dit le week-end dernier, et confirmé mercredi dans une allocution solennelle, qu’il avait «décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen», en réponse à un «appel historique» en ce sens du futur chancelier allemand Friedrich Merz. Il a précisé mercredi que «quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République».

« Bombardements massifs» russes contre les infrastructures énergétiques d’Ukraine

Les forces russes bombardent massivement vendredi les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, a annoncé le ministre de l’Energie, Guerman Galouchtchenko. «Les infrastructures énergétiques et gazières de plusieurs régions d’Ukraine subissent à nouveau des bombardements massifs de missiles et de drones», a écrit Guerman Galouchtchenko sur Facebook, ajoutant que «toutes les mesures nécessaires sont prises pour stabiliser l’approvisionnement en énergie et en gaz».

«La Russie tente de nuire aux Ukrainiens ordinaires en bombardant les installations de production d’énergie et de gaz, sans abandonner son objectif de nous priver d’électricité et de chauffage, et en causant le plus grand préjudice aux citoyens ordinaires», a déploré le ministre.

Par ailleurs, quatre personnes ont été blessées dans la nuit de jeudi à vendredi à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, par une frappe sur «une infrastructure civile», a écrit sur Telegram le maire de la ville, Igor Terekhov.

En sommet exceptionnel à Bruxelles, les Européens s’engagent à renforcer leur défense

Déterminés à réagir face au désengagement américain, les dirigeants européens ont affiché jeudi leur volonté de renforcer les capacités de défense du continent, au moment où Washington annonçait une nouvelle réunion avec Kiev en Arabie saoudite. «Nous allons de l’avant de façon décisive vers une Europe de la défense forte et plus souveraine», s’est félicité Antonio Costa, président du Conseil européen.

Antonio Costa, Volodymyr Zelensky et Ursula von der Leyen. Stephanie Lecocq / REUTERS

Réunis en sommet exceptionnel à Bruxelles, les 27 ont donné leur feu vert au plan de la Commission européenne, baptisé «Réarmer l’Europe», qui vise à mobiliser quelque 800 milliards d’euros, soulignant «la nécessité d’accroître substantiellement les dépenses en matière de défense». Appelant la Commission à transcrire rapidement ces idées en propositions concrètes, ils se sont engagés à examiner en priorité la proposition de mettre à disposition quelque 150 milliards d’euros sous forme de prêts.

Parmi les autres pistes, la possibilité pour les États membres d’accroître sensiblement leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans le calcul de leur déficit public, en principe limité à 3% de leur produit intérieur brut (PIB).

Une réunion de chefs d’état-major européens prévue mardi en présence de Macron

Les chefs d’état-major des pays européens prêts à garantir une future paix en Ukraine se réuniront mardi à Paris en présence d’Emmanuel Macron, qui a aussi invité jeudi ses homologues «qui souhaitent y participer», afin d’affiner son plan pour mettre fin durablement à la guerre. Cette réunion annoncée mercredi soir par le président français concerne notamment les «chefs d’état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités» en cas d’un éventuel «déploiement de forces européennes» en Ukraine pour «garantir le plein respect» d’un futur accord de paix.

«Tous les pays seront invités mardi», «en étroite coordination» avec «le commandement militaire de l’Otan qui sera aussi associé à cette démarche», a-t-il précisé jeudi devant la presse à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles. Il a ajouté qu’il dirait «sans doute quelques mots» lors de ce rendez-vous.

Emmanuel Macron, avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, en coordination avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs autres dirigeants européens, tente de mettre au point un plan de paix afin d’éviter que les négociations entre les États-Unis et la Russie débouchent sur «un cessez-le-feu qui serait négocié à la va-vite, sans aucune garantie».

Macron affirme que Poutine est un «impérialiste révisionniste»

Le président français Emmanuel Macron a accusé jeudi son homologue Vladimir Poutine d’être un «impérialiste révisionniste» qui a fait selon lui «un contresens historique» en le comparant à Napoléon. «Napoléon menait des conquêtes. La seule puissance impériale que je vois aujourd’hui en Europe s’appelle la Russie», a-t-il déclaré. «C’est un impérialiste révisionniste de l’histoire et de l’identité des peuples», a-t-il ajouté devant la presse à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.

Emmanuel Macron. Christian Hartmann / REUTERS

Insistant sur un «contresens historique», Emmanuel Macron a estimé que le président russe avait «sans doute» été «piqué du fait que nous avons démasqué son jeu». Il a ainsi assuré que si Moscou voulait un cessez-le-feu en Ukraine dans le cadre de ses pourparlers avec les États-Unis de Donald Trump, ce ne serait pas pour faire «la paix durable» mais «pour mieux reprendre la guerre».

La Russie a dénoncé comme une «menace» le discours d’Emmanuel Macron se disant prêt à des discussions sur une protection de l’Europe par le parapluie nucléaire français et l’accusant de vouloir que la guerre continue. Le président russe Vladimir Poutine a regretté jeudi qu’il «existe encore des gens qui veulent retourner aux temps de Napoléon, en oubliant comment ça s’est terminé», dans une pique apparemment adressée à Emmanuel Macron.

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Bonjour à tous, pendant que Washington et Moscou opèrent un rapprochement inédit, l’Europe s’engage à renforcer sa défense et les passes d’armes se poursuivent à distance entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine. Suivez notre direct.

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