Djamel Bendjaballah, tué par un militant identitaire à Dunkerque : un crime raciste passé sous silence

Au volant de sa puissante Chrysler, Jérôme D. a enclenché la première. Il a percuté Djamel puis, quelques mètres plus loin, après avoir fait descendre ses enfants du véhicule, a fait demi-tour et lui a foncé dessus. Il y a eu un choc violent, le corps de Djamel a rebondi sur le toit du véhicule, est retombé, puis Jérôme D. a roulé sur « quelque chose », a-t-il expliqué plus tard aux policiers. Il a fait marche arrière, marche avant.

Puis il est parti en trombe, a échangé des messages avec son fils. Ensuite, il a composé le 17. « Je crois que j’ai tué quelqu’un. » Djamel Bendjaballah, 43 ans, éducateur charismatique d’enfants sans famille, père fusionnel d’une petite fille de 10 ans, compagnon depuis trois ans de l’ancienne concubine de Jérôme D. : ce « quelqu’un » venait de mourir sur la chaussée de Cappelle-la-Grande, une banlieue proche de Dunkerque (Nord), ce soir du 31 août 2024.

« Sa dernière plainte aurait dû allumer tous les voyants au rouge »

Dans le coffre de la Chrysler, une machette. Sur sa plage arrière, un drapeau français. Dans le vide-poche de l’accoudoir central, une pochette en tissu cousu d’un écusson « Brigade française patriote – Se préparer à résister » ; dedans : dix-sept cartouches de calibre « 38 short colt ».

Au domicile de Jérôme D., une dizaine d’armes à feu, des grenades, des quantités de cartouches. Pas de permis de port d’armes. De sa victime, ce menuisier de 43 ans, amateur de week-ends survivalistes, dit aux policiers : « Si j’avais voulu le tuer, j’aurais pu le faire bien avant. » Au bout de quarante-huit heures de garde à vue, le parquet charge une juge d’instruction d’une enquête pour « homicide volontaire ».

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