À Cannes, Wes Anderson se moque du projet de Donald Trump d’imposer des droits de douane sur les films produits à l’étranger

The Phoenician Scheme, le nouveau film de Wes Anderson a essentiellement été filmé dans les studios de Babelsberg, en Allemagne. XAVIER GALIANA / AFP

Invité sur la Croisette pour présenter The Phoenician Scheme, le cinéaste américain, habitué à tourner ses longs-métrages à l’étranger, s’est moqué du locataire de la Maison-Blanche, se demandant si un film produit hors des États-Unis «sera retenu à la frontière ».

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S’il rappelle avec humour ne pas être « un expert en économie »Wes Anderson ne pouvait pas rester muet sur la décision de Donald Trump d’imposer des droits de douane de 100% sur les films diffusés aux États-Unis mais produits à l’étranger. Actuellement en promotion de son film The Phoenician Scheme, présenté en compétition officielle à la 78e édition du Festival de Cannes, le réalisateur américain s’est moqué lundi 19 mai, du projet du président des États-Unis, censé faire « revivre Hollywood ».

« Ça veut dire quoi au juste ? Qu’il va y avoir des contrôles à la douane ? On va retenir un film à la frontière, sérieusement ? J’attends de voir les détails ! », a plaisanté Wes Anderson lors d’une conférence de presse à laquelle ont assisté les médias anglo-saxons, dont Variety . « C’est hallucinant. Je n’ai jamais entendu parler de droits de douane à 100 %. Je ne suis pas un économiste, mais pour moi ça veut dire qu’il veut prendre tout l’argent », a-t-il ajouté se demandant : « Qu’est-ce qui va nous rester, pour nous les cinéastes ».

Wes Anderson tourne beaucoup de ses films à l’étranger et plus particulièrement en Europe. The Phoenician Scheme, disponible en salles dès le 28 mai, a été essentiellement filmé dans les studios de Babelsberg, en Allemagne. The Grand Budapest Hotel,  sorti en 2014 a également été tourné en Allemagne, principalement à Görlitz, Asteroid City (2023) a de son côté été filmé en Espagne tandis que The French Dispatch (2021) a été réalisé en France, à Angoulême.

« Aucune décision n’a été prise pour le moment »

Avec ces droits de douane de 100% sur les films diffusés aux États-Unis mais produits à l’étranger Donald Trump veut rapatrier ses cinéastes dans les studios américains. « D’autres pays offrent toutes sortes d’incitations pour attirer nos cinéastes et nos studios loin des États-Unis», déclarait-il sur son réseau Truth Social au début du mois. Les réalisateurs sont de plus en plus nombreux à tourner à l’étranger, comme au Canada ou au Royaume-Uni, à cause des prix élevés des studios américains. Un porte-parole de la Maison-Blanche a révélé plus tôt dans le mois « qu’aucune décision n’a été prise pour le moment » et que « l’administration explore toutes les options », même si les studios sont préoccupés par cette annonce.

Alors que les artistes américains sont peu nombreux à s’exprimer sur le projet de Donald Trump, Francis Ford Coppola a déclaré suite à l’annonce du président que « ces droits de douane sont comme une porte close sur une situation autrefois très prospère ». De son côté, Robert De Niro, a profité de son discours de remerciements lors de la remise de sa palme d’or d’honneur au Festival de Cannes pour étriller le gouvernement Trump. « Dans notre pays, nous luttons d’arrache-pied pour défendre la démocratie que nous considérons comme acquise. L’art est en quête de la liberté. C’est pourquoi nous sommes une menace pour les autocrates et les fascistes de ce monde. »