Tour de France 2025 : la revanche éclatante de Tadej Pogacar à Hautacam, qui a assommé la Grande Boucle là où il l’avait perdue en 2022
Quand l’histoire frappe à sa porte, Tadej Pogacar n’est pas du genre à traîner des pieds pour lui ouvrir. Le Slovène préfère se précipiter pour l’accueillir à bras ouverts. Le 21 juillet 2022, dans les lacets pyrénéens d’Hautacam (13,5 km à 7,8% de moyenne), le Slovène avait perdu la Grande Boucle, dont il était alors tenant du titre. Après un incroyable numéro de Wout van Aert, Jonas Vingegaard l’avait fait exploser, à trois jours de l’arrivée finale à Paris. Le Danois filait tout droit vers le premier de ses deux Tour de France (2022, 2023). Un souvenir que Tadej Pogacar voulait effacer.
"J'attends avec impatience Hautacam", annonçait d’ailleurs le champion du monde lors de la journée de repos à Toulouse, le 15 juillet, salivant devant les "trois très belles journées de montée" dans les Pyrénées. Un message tout sauf anodin, puisque c’est dans les Pyrénées qu’il s’est le plus souvent imposé sur le Tour avec huit succès, contre quatre dans les Alpes. Mais malgré ses vingt victoires sur la Grande Boucle, le Cannibale du XXIe siècle n’avait pas encore dompté Hautacam. Ce qu’il a fait, jeudi 17 juillet, en assommant la course. "Il est passé si vite, il m’a enrhumé. J'ai le nez qui coule !", souriait même le Français Bruno Armirail, dernier échappé repris par le Slovène dans l'ascension finale.
La Visma impuissante
Malgré sa chute dans le final de l’étape la veille à Toulouse, Tadej Pogacar était attendu sur cette première étape de haute montagne. Par le public, mais aussi par tout le peloton. "On en parle entre nous et même avec des coureurs d’UAE. Pavel Sivakov m’a confirmé ce matin que Pogacar avait envie de prendre sa revanche avec Hautacam. On est tous au courant", souriait ainsi Valentin Madouas (Groupama-FDJ) au départ, à Auch."C’est possible que Pogacar plie le Tour. Il a souvent tendance à taper du poing sur la table dans les endroits où il a déjà perdu beaucoup. À Hautacam, je pense qu’il va faire mal", anticipait Aurélien Paret-Peintre (Decathlon-AG2R), au départ de Toulouse, mercredi.
Victime d’une chute sans gravité mercredi à Toulouse, Tadej Pogacar avait un peu calmé les attentes : "Heureusement, je n’ai que des égratignures, mais j’ai eu peur en voyant ma tête approcher le trottoir. Hautacam, c'est une grosse journée, on verra comment j’ai récupéré. Normalement, au lendemain d’une chute, on n’est pas au mieux mais je vais faire de mon mieux demain. En tout cas, en tant qu’équipe, on est prêt pour Hautacam". Ce que les coéquipiers de Tadej Pogacar ont confirmé, en protégeant leur leader malgré la pression de la Visma-Lease a bike de Jonas Vingegaard.
"Bien sûr qu’on a essayé, mais Tadej était imbattable aujourd’hui", concédait d’ailleurs Grischa Neerman, directeur sportif de la Visma, pas abattu pour autant : "Pour le moment, c’est le plus fort. On va essayer encore et encore, on verra ce qui arrive. Si c’est la deuxième place, on la prendra". "On a essayé de l’isoler. Mais ils étaient forts. Même si on avait tous eu de supers jambes, Pogacar a montré sur la dernière montée qu’il pouvait suivre toutes les attaques, ça n’aurait pas changé grand-chose", concédait Sepp Kuss, coéquipier de Jonas Vingegaard, sur la ligne d’arrivée.
"Pogacar a montré à quel point il est fort. On peut faire de la stratégie, mais face à ce niveau… On ne va pas abandonner, mais il faut être réaliste."
Sepp Kuss (Visma-Lease a bike)à franceinfo: sport
Après onze premiers jours de course qu’il a trouvés "mouvementés et stressants", Tadej Pogacar a en effet assommé l'édition 2025 dès la 12 étape, terminant avec deux minutes d’avance sur son premier poursuivant : son rival Jonas Vingegaard, désormais relégué à 3 minutes et 31 secondes au général. "C’était très difficile, et puis j’ai repensé à l’étape d’ici, en 2022. Je l’avais quelque part dans un coin de ma tête. Cette fois, j’ai gagné. J’ai l’esprit plus clair. On a très bien travaillé", savourait le champion du monde, après avoir repris le maillot jaune.
La fête est loin d'être finie
Après 12 étapes, Tadej Pogacar a peut-être déjà tué le suspense sur la 112e édition de la Grande Boucle. Mais le Slovène refuse de considérer son quatrième Tour de France comme acquis. "Le Tour n’est pas fini !", s'est-il exclamé. Demain, on a le contre-la-montre sur lequel il faudra être très fort, et samedi c’est encore plus dur. Il faut rester calme, continuer avec ce rythme. On a une avance confortable, mais ce n’est jamais fini avant la ligne à Paris."
Si la dynamique sportive laisse peu de place au suspense, tout peut encore arriver d’ici les Champs-Elysées, comme l’a rappelé la chute de Tadej Pogacar dans les rues de Toulouse. "Paris, c’est encore très loin", a ainsi tempéré Joxean Fernandez Matxin, directeur sportif d’UAE Emirates, tout en se projetant sur la suite du programme pyrénéen, avec le contre-la-montre à Peyragudes, vendredi, et l’enchaînement dantesque de samedi : Tourmalet, Aspin, Peyresourde et Superbagnères.
"Nos principaux rivaux au classement général sont encore un peu en retrait. Ils devront attaquer. Je m'attends à ce que ce soit rapide jusqu’à la fin de la semaine. Cette semaine est presque aussi difficile que la dernière", imaginait ainsi Tadej Pogacar lors de la journée de repos, mardi, à Toulouse. "Nous pourrons observer de gros écarts au classement général dans les jours à venir. Je sens que ça va être une semaine intéressante". Car si le cannibale slovène a réglé son compte avec Hautacam, il a encore faim. Très faim.