Une pianiste - Laurence Arné, actrice fétiche de Dany Boon - emménage dans l’appartement mitoyen d’un inventeur d’objets hétéroclites misanthrope, Clovis Cornillac, entouré d’outils du bâtiment divers. La sœur de la première (Lilou Fogli) a tendance à s’inviter sans prévenir. Le second a un ami (Arnaud Maillard dans l’autodérision) qui fait ses courses chaque semaine. Le mur qui les sépare n’est pas insonorisé. On devine vite ce qui va se passer entre « Machine » maltraitée par son professeur de piano (Boris Terral vu dans la série Demain nous appartient) et « Machin » qui a besoin de silence pour créer. Chacun chez soi, ils s’apprivoisent et tombent amoureux sans se rencontrer.
Mur Mure est une comédie romantique qui a d’abord été transposée au cinéma par Clovis Cornillac sous le titre Un peu beaucoup, aveuglément en 2014. Le public doit à sa femme, Lilou Fogli, l’idée de ces deux personnages que tout oppose. On est loin de Quand Harry rencontre Sally, pourtant il y a de l’humour et de la tendresse entre eux. L’intrigue est classique, portée par des intentions charmantes. Assisté de Sarah Gellé, Jérémie Lippmann la met en scène dans un double décor avec deux comédiens convaincus. Dommage que le partage du plateau par un « mur » à la fois réel et symbolique bride son esprit inventif.
Par ailleurs, qui trop embrasse mal étreint. Lilou Fogli, qui succède à Mélanie Bernier dans le rôle de l’héroïne fragile, aborde trop de sujets : le passage de la quarantaine, la dictature des apparences, l’écologie ou l’impact des réseaux sociaux sur la communication. Le spectacle traîne les pieds, il dure une heure quarante-cinq. Un peu, beaucoup, mais pas aveuglément. On aurait pu faire l’impasse sur plusieurs saynètes, au mieux, les suggérer, et resserrer l’intrigue autour des deux tourtereaux. Le spectateur y aurait trouvé son compte.
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Une large palette
Par bonheur, à l’aise dans un registre romantique et le décor original et fonctionnel de Jacques Gabel, Laurence Arné et Clovis Cornillac se complètent à merveille. Ils tirent leur épingle du jeu. Ils s’étaient déjà donné la réplique dans L’amour, c’est mieux à deux, le film de Dominique Farrugia. Lunettes sur le nez, queue-de-cheval et chemisier près du corps, l’actrice n’était pas revenue sur les planches depuis 2010. La quadragénaire a un tempérament comique indéniable.
Elle avait été repérée par le producteur Gérard Sibelle (Florence Foresti, c’est lui) et commencé par des one-woman-shows. Forte d’une énergie contagieuse, elle prouve qu’elle dispose d’une large palette de jeu. Quant à Clovis Cornillac, après s’être distingué dans le costume de Claude Monet et Un p’tit truc en plus, d’Artus, il campe le cousin de Géo Trouvetou et les bougons à la perfection. Leur complicité est palpable. La salle est séduite.
Mur Mure, au Théâtre de la Michodière (Paris 2e).