Miguel Bonnefoy, lauréat du grand prix du roman de l’Académie française

Ils n’étaient plus que trois. Jeudi 24 octobre, les académiciens se sont réunis pour attribuer leur grand prix du roman à Miguel Bonnefoy pour Le Rêve du jaguar (Rivages). Une récompense qui vient couronner une œuvre déjà bien remarquée par les critiques et le public. L’auteur était face à Abel Quentin (Cabane, L’Observatoire) et Grégory Cingal (Les derniers sur la liste, Grasset). Il succède à Dominique Barbéris et son roman Une façon d’aimer (Gallimard).

Le Rêve du jaguar n’est pas un livre, mais plusieurs à la fois. «Une baroque et haletante saga familiale», pour Le Figaro ; «un vaste pétroglyphe romanesque» pour Le Monde et un « roman sorcier plein de fougue et d’optimisme» pour Les Echos. Un entrelacement de récits, sur trois générations, qui approfondissent la vie des ancêtres de l’écrivain, entre trois pays: la France, le Chili et le Venezuela.

Miguel Bonnefoy - Le rêve du jaguar
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Des «torrents d'anecdotes étourdissantes»

L'histoire : Antonio est abandonné sur les marches d'une église. Recueilli par une femme miséreuse, le petit Antonio a un an qu'il doit déjà mendier. Au milieu des marécages, et sur des rives humides, l'enfant en haillons se nourrit de crabes bleus. Il pourrait macérer dans cette vie paludéenne, il n'en sera rien. Il deviendra l'un des plus grands médecins de son pays. À travers la trajectoire d'Antonio, Miguel Bonnefoy raconte l'histoire du Venezuela. Car celui-ci n'est pas qu'un décor, le paysage y est un personnage.  

Antonio grandit à l'image de sa ville Maracaibo, d'abord haut lieu de de la prostitution et du banditisme, qui s'érige en capitale pétrolière. Les bâtiments s'élèvent comme Antonio donc, qui épouse l'indomptable Ana Maria Rodriguez et devient le papa d'une petite Venezuela. Chez Bonnefoy, l'ascension est sociale, mais aussi familiale. Venezuela s'envole à Paris, son fils, Cristobal -double de l'auteur-, lui revient à la terre maternelle. On a du vent dans les veines. Les cultures et les langues s’entrecroisent. On voyage, on s'exile, on s'enfuit, on revient.

« Le Rêve du jaguar, ce n'est pas seulement l'histoire d'une filiation mais celle d'un pays, celle d'un siècle, le XXe », a écrit Laurence Caracalla dans le numéro du 24 octobre du Figaro littéraire. C'est donc une langue en archipel, liquide, géographique. « Dans le sang de Miguel Bonnefoy coule des torrents d'anecdotes étourdissantes, des légendes magnifiques. Et ses personnages, hauts en couleur, parfois fictifs, parfois bien réels, enluminent plus encore ce récit aussi picaresque que poétique. »

Miguel Bonnefoy, 37 ans, est l’auteur de dix romans, dont Le voyage d'Octavio (prix de la Vocation 2015) et Héritage (prix des Libraires 2021). Il est traduit dans plus de vingt langues. L’auteur avait été déjà été en lice pour le Grand Prix du roman de l’Académie française en 2020. Le voici désormais récompensé. Mais peut-être n’est-ce pas encore la fin des festivités ? En effet, Miguel Bonnefoy figure dans deux autres sélections: le Femina et le Médicis. Le grand prix de l’Académie française sera-t-il déjà suffisant pour les autres jurés ? Réponse les 5 et 6 novembre.