Attentats de Charlie Hebdo : dix ans après, la douleur sans fin des « survivants »
Au tout début du procès des attentats de janvier 2015, Simon Fieschi, le webmaster de Charlie Hebdo, celui qui, le premier, avait subi les tirs des frères Kouachi, était venu raconter à la barre l’effet « d’une balle de kalachnikov dans le corps ». D’une immense dignité et d’une précision quasi médicale, son témoignage avait bouleversé toute la salle d’audience, ce 9 septembre 2020. « Je n’ai aucune envie d’offrir ma douleur à ceux qui l’ont provoquée, mais je ne veux pas cacher les conséquences de ces actes », avait expliqué le trentenaire, soutenu par une béquille, mais « debout » – « je tiens à témoigner débout », avait-il lancé au président qui lui proposait une chaise.
Touché par deux balles ce 7 janvier 2015, Simon Fieschi avait détaillé les ravages physiques – sa paralysie complète, devenue partielle -, les douleurs neuropathiques atroces, mais aussi les séquelles psychologiques liées à cet attentat. « J’ai cru être à l’abri longtemps. Quand le corps est atteint aussi gravement, ça ne vient pas tout de suite. Mais aujourd’hui, je suis dans le post-trauma et j’y resterai toute ma vie », lâchait-il. La vie de Simon Fieschi s’est arrêtée le 17 octobre dernier. Il a été retrouvé mort dans la chambre d’un hôtel parisien.