Euro 2025 : carton d’audience et de billetterie, ambiance dans les rues... Pari réussi pour la Suisse

Au cœur de la ville historique, une fois passé le porche d'une porte en bois massif, celle de la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall, inscrite au patrimoine de l'Unesco, au bout du couloir il y a... un terrain de football. Intercalé entre la bibliothèque et la cathédrale. "C’est le terrain de l’école de garçons", glisse Nathalie Grand, entraîneure des équipes de jeunes filles du KF Dardania de Saint-Gall. Les cloches retentissent, c'est l'heure des matchs entre supporters gallois, suisses et français. Des équipes composées quasi-exclusivement de femmes.

Cerian, maillot et short du Pays de Galles, va participer au match contre le club français des moins de 16 ans de Tessy-Moyon, dans la Manche. "Oh, l’endroit est vraiment incroyable, je n’ai jamais joué au foot dans un tel lieu", s'enthousiasme la jeune femme de 26 ans, qui habite "au milieu de nulle part à l'ouest du Pays de Galles." "La Ville de Saint-Gall est déjà très belle, poursuit-elle, mais un terrain comme ça, c'est vraiment superbe."

Elle et ses coéquipières sont soutenues par une centaine de supporters des Dragons rouges, dont Martin. Sa fille participe également au match. "C'est la première fois que je suis une compétition pour mon pays et c'est superbe. L'ambiance avec les autres supporters est vraiment incroyable, même si on a essentiellement parlé avec des Gallois. En tout cas, c'est une super opportunité pour ma fille de jouer ici."

Transports en commun gratuit pour les détenteurs de billets

Erwan Gramont, co-président du club de Tessy-Moyon, salue l'organisation helvétique. "Avec nos billets de matchs, les transports sont gratuits, ce qui est plutôt pratique quand on est une trentaine", sourit-il. Le petit club de la Manche peut compter sur le soutien de quelques supporters français présents : Isée, Alex, Micha et Vincent, tous le maillot de l’équipe de France sur le dos, passent également un bon séjour en Suisse. "L'organisation est très bonne, je trouve, avance Micha, dans le centre-ville il y a bonne ambiance". "Les Suisses savent faire la fête", ajoute en riant Alex. "C'est juste dommage qu’il n'y ait pas suffisamment de supporters des Bleues", déplore Vincent. 

Franck, habitant de Saint-Gall, estime pour sa part que "cela pourrait être un peu mieux, mais ce n'est pas une ville aussi grande que Bâle ou Berne, ajoutant : C'est déjà cool, avec le match qui se joue ici, sur terrain situé sur un site reconnue patrimoine de l'Unesco." Il reconnaît qu'il était "au début un peu sceptique, je pensais qu’il n'y aurait pas d'effervescence. Maintenant je suis rassuré, les Suisses vivent avec la compétition !"

"Est-ce que cela changera notre rapport au foot joué par les femmes ? Je ne suis pas sûr, c'est quelque chose qui prend du temps, mais c'est un accélérateur, et c'est bien qu'une grande compétition puisse se dérouler ici."

Franck, habitant de Saint-Gall

à franceinfo

Un carton d’audience à la télé, des stades pleins

Une fête dans les villes hôtes, un peu moins aux abords. "Je suis à cinquante kilomètres de Berne, il n'y a aucun bar qui diffuse les matchs car c'est un trop risque financier", regrette Marylise, Suissesse mais supportrice des Bleues depuis quinze ans. Les rencontres sont pourtant très suivies à la télé. Constance Picaud, la gardienne de l'équipe de France, l'a aussi remarqué : "Ça m'a fait rire, quand on a eu la possibilité de sortir de l'hôtel, quand je me promenais, je voyais dans les maisons les télés allumées et quand je regardais les matchs, je voyais les stades pratiquement complets. Le nôtre était complet. Il y a du monde qui regarde. Je ne sens vraiment qu'il y a une effervescence derrière."

L'Euro est en effet un carton d’audience : 55% des téléspectateurs de la TV suisse-romande ont regardé le match d'ouverture entre la Suisse et l'Islande, et c'est même monté à 60% en Suisse alémanique. Quant aux stades, le pays confirme avoir vendu 600 000 billets sur les 670 000 disponibles.