«Là je suis allée à la montagne, la prochaine fois, c’est la mer»: une influenceuse se vante d’être «au ski» pendant son arrêt maladie

«Venez me chercher, je m’en fous je suis libre», déclare la jeune femme sur les réseaux sociaux. Elle assure avoir été victime de harcèlement au sein de son entreprise.

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Vraie provocation ou recherche du «buzz» ? «Ma RH Stéphanie et mes collègues de travail, j’espère que vous allez tous râper votre tête au mur quand vous allez me voir aussi heureuse», apostrophe l’influenceuse qui compte près de 50.000 abonnés sur TikTok. Dans une vidéo publiée sur le réseau social chinois mardi 21 janvier, la jeune femme se vante d’être «au ski» pendant son arrêt-maladie. «Les amis regardez-moi je suis en arrêt-maladie et je suis en train de kiffer ma vie. Qui va faire quoi ? La CPAM ? Le contrôle du travail ? Venez me chercher, je m’en fous je suis libre». Une vidéo relayée sur X et qui a déjà plusieurs milliers de vues et de commentaires, en plus des 3800 commentaires déjà récoltés sur TikTok. 

Mais le ski ne semble pas être sa dernière destination. «Je vais faire tirer mon arrêt-maladie au maximum, profitez de ma vie les gars. Là je suis allé à la montagne, la prochaine (destination) c’est la mer, le soleil, j’ai besoin de bronzer, regardez comment je suis blanche», annonçait l’influenceuse dans une vidéo partagée quelques heures auparavant. Le même jour, elle mettait en scène un appel téléphonique avec la directrice des ressources humaines de son entreprise : «allô ? Oui Stéphanie ? Pardon ? Les collègues de travail t’ont dit que j’étais au ski ? Ah non je ne crois pas vous avez dû me confondre avec Alix». «Stéphanie» est depuis quelques mois la cible de la salariée sur TikTok.

La cause de cet arrêt de travail ? Elle déclare dans plusieurs vidéos avoir porté plainte contre son entreprise et ladite «Stéphanie» pour harcèlement moral. «Est-ce que vous savez ce que c’est d’aller au travail tous les jours la boule au ventre ? De vivre le harcèlement, la discrimination, l’humiliation ? De rentrer chez vous avec une angoisse tellement forte que vous ne faites une obsession que vous n’arrivez même plus à manger ?» S’il est effectivement possible de bénéficier d’un arrêt de travail pour harcèlement moral au travail, il n’est pas aussi simple de partir en vacances sans autorisation préalable d’un médecin traitant. 

Vives réactions sur les réseaux

De quoi faire réagir Charles Prats, ancien magistrat et délégué national de l’Union des droites pour la République (UDR), parti politique fondé en 2012 par Éric Ciotti et renommé après la scission de son fondateur avec Les Républicains.: «En arrêt maladie pour faire du ski. À part ça y’a pas de #FraudeSociale et ils veulent taxer les retraités… Allez plutôt prendre l’argent dans la poche des fraudeurs… et des fraudeuses», commente ainsi l’auteur du Cartel des fraudes (Ring, septembre 2020).

De nombreux autres commentaires plaident pour une recherche de buzz à tout prix, et mettent en doute la réalité de sa situation. Plusieurs influenceurs ont déjà partagé des vidéos polémiques vantant un usage abusif des aides sociales qui permettraient de «ne rien faire», à l’image de cet influenceur qui se présente sous le nom d’ALP et qui avait provoqué l’ire des internautes en décembre 2023. S’il revendiquait son cumul d’aides sociales tels que le RSA et les APL, la ministre des Solidarités et des Familles de l’époque, Aurore Bergé, avait invité à la prudence : «Attention aux vidéos d’individus ne cherchant que le buzz et se faisant sur le dos de la vérité et de la solidarité nationale»

D’autant plus que partir en vacances pendant un arrêt-maladie n’est pas si simple. Sans accord de son médecin traitant, un salarié n’a théoriquement pas le droit de quitter son domicile et peut être soumis à d’éventuels contrôles médicaux pour vérifier la validité de l’incapacité à exercer son activité professionnelle. En outre, il est tenu d’indiquer à la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) tout changement d’adresse temporaire. Difficile dès lors de démêler le vrai du faux dans les déclarations des internautes. Contactée par Le Figaro, l’influenceuse a d’abord accepté de répondre à nos questions avant de se rétracter, prétextant : «TikTok c’est du virtuel et je n’ai pas envie d’en faire une réalité».