La palme d’or, une gloire qui ne se compte pas en millions d’entrées

Le succès critique ne s’accompagne pas toujours d’un succès en salle. À l’image des palmes d’or du XXIe siècle, Un simple accident, à l’affiche mercredi 1er octobre, n’est pas assuré d’une carrière triomphale au box-office. Si depuis vingt ans, certains lauréats ont conquis le grand public, rare sont ceux qui ont atteint la barre du million d’entrées.

Jafar Panahi espère sans doute que son son film connaîtra le même succès que Parasite , palme d’or 2019. Phénomène culturel, le film mis en scène par Bong Joon-ho avait cumulé près de 260 millions de dollars de recettes mondiales et séduit 1,9 million de spectateurs en France. Sa trajectoire, amplifiée par l’Oscar du meilleur film, a montré qu’une palme pouvait devenir un triomphe planétaire. Il faut remonter ensuite en 2004 pour retrouver un autre score spectaculaire : le documentaire Fahrenheit 9/11, de Michael Moore, a attiré 2,3 millions de spectateurs en France et généré près de 220 millions de dollars de recettes mondiales, devenant le documentaire le plus rentable de l’histoire. Rares sont les films primés à Cannes à avoir atteint un tel statut.

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300 000 spectateurs pour Titane

En 2021, la palme d’or Titane de Julia Ducournau n’a réuni que 300 000 spectateurs en France. Un score tout de même honorable pour un cinéma radical, interdit aux moins de 16 ans. Cannes a ici joué son rôle de laboratoire du cinéma de genre, sans complètement transformer la récompense en carton populaire.

Le plus gros ratage depuis 25 ans revient à Oncle Boonmee, d’Apichatpong Weerasethakul, primé en 2010, avec moins de 130 000 spectateurs français. Mais la contreperformance historique revient aux Meilleures intentions, série suédo-germano-britannico-italo-franco-dano-norvégo-finlando-islandaise en quatre parties de 333 minutes, dont Bille August a tiré un film de 3 heures.

D’autres lauréats naviguent entre ces deux extrêmes. À l’image d’Anatomie d’une chute, en 2023, qui a réuni près de deux millions de spectateurs dans les salles françaises et enregistré plus de 21 millions de dollars de recettes. Dix ans plus tôt, La Vie d’Adèle (2013, Abdellatif Kechiche) bénéficiait aussi d’une forte exposition médiatique, attirant un peu plus d’un million de spectateurs en France.

Pulp Fiction, dernier top 10 du box-office

La palme d’or n’est donc pas un sésame pour les guichets, mais une reconnaissance artistique. Sur les dix dernières années, seuls trois films ont dépassé le million d’entrées en France : Parasite, Anatomie d’une chute, et La Vie d’Adèle. En 2024, Anora  n’a convaincu que 600 000 curieux en France.

Cannes récompense des films audacieux qui trouvent aussi leur public dans la durée, dans les festivals, les cinémathèques ou les plateformes de streaming. Pulp Fiction reste la dernière palme d’or à s’être hissée dans le top 10 du box-office français. L’œuvre de Quentin Tarantino avait enregistré 2,8 millions d’entrées en 1994. Depuis, aucun film de fiction récompensé sur la Croisette n’a été capable de réaliser une telle performance.