Coup de communication ou acte de défiance? La marque de vêtements Merrachi, qui se cantonne pour l’instant en France à un simple site internet marchand, a publié sur TikTok une vidéo promotionnelle animée en 3D, dans laquelle l’on peut voir la tour Eiffel être vêtue d’un voile islamique de couleur verte. Par-dessus les images, l’entreprise écrit: «Le gouvernement français déteste voir Merrachi arriver (en France)», sous-entendant l’ouverture prochaine d’un commerce. À l’heure où sont écrites ces lignes, la marque ne dispose que d’une seule boutique en Europe, à Amsterdam (Pays-Bas), d’où elle est originaire.

Sous sa publication, la société écrit également une affirmation mensongère: «Vous vous souvenez quand ils (les Français, NDLR) ont interdit le hidjab?» Or, le «hidjab », soit le voile destiné à couvrir les cheveux des femmes, n’a jamais été interdit en France dans l’espace public, contrairement à la «burqa » qui dissimule le visage. Le «hidjab» est en revanche interdit dans les écoles, collèges et lycées publics, conformément à la loi sur les signes religieux ostentatoires. Les agents publics doivent aussi respecter une obligation de neutralité et ne pas manifester leurs convictions religieuses dans l’exercice de leurs fonctions. En entreprise, le port du voile est à la discrétion de l’employeur.

«Paris est musulman maintenant»

Sous la publication de Merrachi, de nombreux commentaires s’amusent de la symbolique de telles images. «Mais elle est beaucoup plus belle avec un hidjab!» ; «Soeur Eiffel, bienvenue en islam» ; «Bravo tu es devenue musulmane» ; «Paris est musulman maintenant, et nous sommes fiers», peut-on lire. Certains internautes prennent la phrase sur le voile pour argent comptant. «Les Français interdisent le voile mais pas les bonnes sœurs, doivent-elles l’enlever aussi?», se demande l’un d’entre eux.

Reprise sur X, la vidéo a également été largement critiquée. «Et si on critique ça, on est traités de fachos bien évidemment», écrit un utilisateur du réseau social. «C’est un message clair de conquête et de colonisation» ; «C’est scandaleux!», «Si cela n’est pas de la provocation dites-moi c’est quoi» ; «Pourquoi se gêner! C’est la soumission totale en France», peut-on notamment lire.

Sur son site, l’entreprise se présente comme une marque de vêtements «modestes», profitant du ramadan en cours pour mettre en avant abayas, voiles et longue robes vendues de quelques dizaines d’euros à plus de 120 euros. Sa fondatrice, Nada Merrachi, est présentée sur le site comme l’une des «pionnières de la mode modeste», espérant devenir «décisive» pour «améliorer» l’industrie de la mode, afin d’y intégrer «unité et inclusivité». Avec cette vidéo provocatrice, il n’est pas certain que Merrachi s’attire les faveurs des autorités françaises... Contactée, la société n’a pas encore répondu aux sollicitations du Figaro.