Top départ pour les candidatures à la présidence de France Télévisions

L’Arcom a ouvert la course à la présidence de France Télévisions ce mardi. Abdul Saboor / REUTERS

L’Arcom, chargé de la procédure de nomination, rendra sa décision au plus tard le 22 mai. Le projet de holding de l’audiovisuel public risque de perturber le processus.

Passer la publicité

C’est un peu la « présidentielle » de l’audiovisuel public qui débute. Le 21 août prochain, Delphine Ernotte achèvera son mandat à la tête de France Télévisions. Et, comme le prévoit la loi, l’Arcom, le régulateur du secteur, sera chargé de nommer son ou sa successeur pour les cinq prochaines années. Mardi, il a donné le coup d’envoi de la procédure et défini le mode opératoire retenu. Tous les prétendants peuvent d’ores et déjà déposer leur dossier de candidature « exclusivement par courrier électronique, à l’attention du président de l’Autorité de régulation », Martin Ajdari, qui vient de prendre ses fonctions. Ils ont jusqu’au 18 avril à midi.

L’actuelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, devrait probablement briguer un troisième mandat. Frédérique Dumas, productrice et ex-députée en rupture de ban avec la macronie, postule également. Journaliste dans le groupe public et délégué syndical SNJ, Serge Cimino a d’ores et déjà indiqué qu’il candidatait. Et d’autres noms commencent à circuler.

Projet stratégique détaillé

Les dossiers des postulants devront comporter un CV, une lettre de motivation ainsi qu’un projet stratégique détaillé qui ne devra pas excéder 30 pages, annexes comprises. Ce travail devra faire « apparaître les leviers » que le candidat prévoit d’actionner pour permettre à France Télévisions « d’assurer au mieux les missions fixées par son cahier des charges et de répondre aux grands enjeux auxquels elle est aujourd’hui confrontée », indique la délibération de l’Arcom. Et de citer, par exemple, la singularité de l’offre, l’exigence d’impartialité, l’amélioration des coopérations avec les autres acteurs du service public, la capacité à assurer la soutenabilité financière…

Après examen des dossiers, la liste des prétendants retenus sera dévoilée le 5 mai prochain. L’autorité de régulation organisera dans la foulée des auditions, à partir du 12 mai. Ce grand oral comprendra une présentation du projet stratégique durant une heure, puis un temps d’échange à huis clos, d’une heure également.

À supposer qu’une modification de la loi change la gouvernance de l’audiovisuel public, rien ne sera interdit au candidat ou à la candidate désigné

Martin Ajdari, président de l’Arcom

L’Arcom diffusera une partie des auditions et publiera les projets stratégiques des candidats sélectionnés « en léger différé ». C’est-à-dire dès que le dernier prétendant aura achevé son grand oral. « Nous avons tenu à maintenir un grand degré de transparence. Toutefois, nous souhaitions également que les candidats soient dans les meilleures conditions d’équité et de sérénité pour présenter leurs auditions », précise Martin Ajdari. Il s’agit d’éviter qu’un candidat, en fonction de son ordre de passage, puisse « regarder d’autres compétiteurs devant son écran, pour ensuite trouver les moyens soit de les critiquer, soit de leur prendre des idées… », explique-t-il. La décision finale de l’Arcom sera publiée « au plus tard le 22 mai », afin de respecter le délai de tuilage prévu par la loi. Et elle sera bien évidemment motivée.

Contexte particulier

Le lancement de cette procédure intervient dans un contexte particulier. Poussée par la ministre de la Culture Rachida Dati, la proposition de loi (PPL) du sénateur Laurent Lafon en vue de la création d’un holding de l’audiovisuel public - chapeautant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’Institut national de l’audiovisuel -, devrait être inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 7 avril prochain. Un possible casse-tête pour des candidats qui hésiteraient entre la présidence de France Télévisions et celle du futur holding ? Un possible casse-tête également sur le périmètre et la durée du mandat du prochain patron de France Télévisions ? Dans cet « environnement incertain sur les perspectives d’évolution législatives », Martin Ajdari fait valoir que le dépôt des candidatures, jusqu’au 18 avril, permettra a priori aux prétendants de savoir si la loi a des chances de passer ou pas. En outre, un candidat qui se présente « pourra s’interroger sur la durée dans laquelle son mandat se déroule. On ne peut pas, sur cette question, apporter des garanties absolues ».

Enfin, insiste-t-il, rien n’empêche un prétendant qui serait désigné PDG de France Télévisions, « de se projeter dans une future procédure de candidature si un holding est créé. Il n’y aura aucune garantie, il n’y aura aucun privilège. Mais, à l’inverse, il n’y aura aucune exclusion. À supposer qu’une modification de la loi change la gouvernance de l’audiovisuel public, rien ne sera interdit au candidat ou à la candidate désigné », résume Martin Ajdari.

Si le projet de holding finit par aboutir, ce ne sera pas avant début 2026, le temps que la loi soit promulguée, ce qui prendra de longs mois… À cet horizon, le nouveau président de France Télévisions pourrait donc être rétrogradé en tant que simple directeur général… De quoi décourager des candidatures ? « C’est une nomination très importante pour le paysage audiovisuel français compte tenu du poids de France Télévisions en tant qu’acteur majeur de l’information, du financement de la création, de l’accès à la culture comme à la connaissance », a insisté le président de l’Arcom. Le futur PDG sera aussi à la barre lors de la prochaine campagne présidentielle de 2027.