États-Unis : cinq questions sur le ministère de l'Éducation que Donald Trump veut supprimer
Après quatre mois à la tête du Doge, Elon Musk met un terme à sa mission de réduction des dépenses publiques jeudi 29 mai. Le patron de X et Tesla, dont le travail a consisté notamment à licencier massivement des fonctionnaires de l'administration américaine, se dit "déçu" de cette expérience au sein du gouvernement. Parmi les agences visées par ces coupes figure notamment le ministère de l'Éducation.
Le vrai ou faux junior répond aux questions des élèves du collège Édouard Herriot, à Nogent-sur-Oise (Oise).
1 Donald Trump veut-il vraiment supprimer le ministère de l'Éducation ?
Dounia : "J'ai vu que Donald Trump voulait mettre fin au ministère de l'Éducation nationale aux États-Unis. Est-ce vrai ?"
Oui c'est vrai. Le 20 mars, le président des États-Unis a signé un décret visant à dissoudre le ministère fédéral de l'Éducation. Une annonce soigneusement mise en scène. Dans une pièce de la Maison Blanche transformée en salle de classe, Donald Trump, entouré d'écoliers derrière leur pupitre a affirmé son intention d'"éliminer le ministère fédéral de l'Éducation, une bonne fois pour toutes".
Dix jours avant cette signature médiatique, la ministre de l'Éducation, Linda Mac Mahon, avait procédé au licenciement près de 2 000 fonctionnaires.
2 Comment justifie-t-il cette décision ?
Cette annonce n'est pas une surprise. La suppression du ministère fédéral de l'Éducation était une promesse de campagne de Donald Trump. Le candidat républicain avait promis que le gouvernement ne se mêlerait plus de politique éducative et que cette compétence serait entièrement dévolue aux États fédérés. Pour justifier sa décision, le président des États-Unis a affirmé que son pays dépensait plus que tous les autres pour l'éducation alors que, selon lui, les élèves américains sont toujours en bas des classements internationaux.
3 Les élèves américains sont-ils mal classés ?
En ce qui concerne le financement de l'éducation, la réalité est plus nuancée. Certes, les États-Unis ont le niveau de dépense par élève le plus élevé des pays de l'OCDE, tous niveaux confondus (du primaire à l'université). Mais si on s'intéresse uniquement au primaire et au secondaire (les collèges lycées), là les États-Unis sont à la 6e place du classement des pays de l'OCDE en termes d'investissement dans le système éducatif.
Au sujet des performances des élèves américains, contrairement à ce qu'affirme Donald Trump, les États-Unis ne sont pas dans le bas des classements. Bien que leur niveau ait baissé, la dernière enquête PISA, publiée en 2023, montre que les élèves américains de 15 ans sont au-dessus de la moyenne en lecture et proche de la moyenne en compréhension mathématique.
4 Le président peut-il vraiment supprimer un ministère ?
Fatoumata : "Est-ce vraiment possible de supprimer un ministère ?"
Oui, mais pas avec un simple décret comme celui qu'a publié Donald Trump. Pour démanteler totalement le ministère de l'Éducation, le président devra faire voter une loi spécifique au Sénat. Pour qu'elle soit adoptée, il lui faudra réunir au moins 60 voix pour. Or les Républicains, le parti de Donald Trump, n'ont que 53 sièges.
En attendant cette validation par les sénateurs et sénatrices, la suppression du ministère n'est pas donc pas légale. C'est ce que vient de rappeler un juge de Boston, dans le nord-est des États-Unis. Le 20 mai dernier, il a suspendu le décret de Donald Trump et ordonné la réintégration de tous les fonctionnaires licenciés. Ce juge avait été saisi par une vingtaine d'États démocrates ainsi que par des syndicats d'enseignants.
5 Quelles conséquences pourrait avoir la suppression du ministère de l'Éducation ?
Cette agence gouvernementale ne joue pas un rôle aussi important que notre ministère de l'Éducation nationale. Elle ne fournit que 10% du budget de fonctionnement du système scolaire. Les établissements scolaires américains sont déjà en grande partie financés et gérés par les États. Si le ministère de l'Éducation venait à être supprimé, cela ne priverait pas les élèves de leurs enseignants.
Ce qui est à craindre, c'est plutôt une remise en cause des actions en faveur des élèves défavorisés sur le plan économique et social. L'activité principale du ministère de l'Éducation est en effet d'accorder des prêts étudiants, mais aussi de financer des programmes sociaux qui vont de la distribution de repas dans les cantines au soutien aux élèves sans domicile fixe.