Violences après la victoire du PSG : "Je voudrais m'inscrire en faux contre le prétendu laxisme des juges", dit le procureur général Rémi Heitz
"Je voudrais m'inscrire en faux contre le prétendu laxisme des juges", déclare jeudi 5 juin sur France Inter le procureur général près de la Cour de cassation Rémy Heitz, après les critiques politiques entendues à la suite des violences en marge de la victoire du PSG en Ligue des Champions samedi.
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin et celui de l'Intérieur Bruno Retailleau ont estimé que le code pénal n'était plus adapté à la violence d'aujourd'hui.
"L'institution judiciaire s'est mise en ordre de marche et dès lundi, il y a eu des comparutions immédiates, qui ont permis de juger un certain nombre d'auteurs de faits de violence", répond Rémy Heitz. "Je voudrais m'inscrire en faux de façon catégorique contre le prétendu laxisme des juges. Les procureurs et les juges font leur travail, il y a eu des sanctions, des sanctions individualisées."
Le procureur général décrit "un décalage très fort entre les images de ces violences que l'on voit à la télévision et parfois la réalité des faits que l'on reproche. Ce qu'on juge, c'est une personne, à qui on impute des faits précis", rappelle-t-il, insistant sur son attachement au "principe d'individualisation et de personnalisation des peines, c'est ce qui permet au quotidien d'apporter une réponse adaptée à chaque fait de délinquance commis".
"Les juges comprennent et entendent ce besoin de fermeté et en l'espèce, les peines qui ont été prononcées ne sont pas des peines légères"
Rémy Heitz, procureur général près de la Cour de cassationà France Inter
La question du sursis a été soulevée ces derniers jours, après la proposition du ministre de la Justice mardi de "supprimer le sursis et mettre en place par la loi une condamnation minimum systématique une fois la culpabilité reconnue". "Le sursis, ce n'est pas une peine symbolique", répond Rémy Heitz. "Ce n'est pas rien que d'avoir une peine d'emprisonnement avec sursis à son casier judiciaire et d'avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. D'ailleurs, la majorité des personnes condamnées à des peines d'emprisonnement avec sursis ne récidivent pas. Cette peine est une peine utile dans beaucoup de situations", insiste-t-il.
"La justice n'a jamais été aussi sévère qu'aujourd'hui"
Le procureur général relève d'ailleurs que les juges se trouvent "confrontés à des injonctions souvent contradictoires". "D'un côté, on leur demande de plus en plus de fermeté et ils en font preuve, parce que lorsque l'on regarde les chiffres, les statistiques, les quantums de peine, la justice n'a jamais été aussi sévère qu'aujourd'hui, et c'est ce qui explique qu'il y a plus de 83 000 détenus dans nos prisons. Et de l'autre, on leur dit 'attention, les prisons sont pleines, ne mettez pas l'administration pénitentiaire dans l'incapacité d'exécuter les peines'", souligne-t-il.
Rémy Heitz insiste sur l'importance de l'indépendance des juges, "et c'est la raison pour laquelle il faut leur faire confiance, il faut laisser les juges faire leur travail dans la sérénité", conclut-il.