Les Français toujours plus précaires malgré le ralentissement de l’inflation, alerte le Secours populaire
Une précarité qui «s’aggrave» et «s’étend», malgré une inflation en recul depuis plusieurs mois. C’est le constat alarmant que tire le Secours populaire dans son dernier baromètre de la pauvreté et de la précarité, réalisé par l’institut Ipsos et publié ce jeudi. Parmi les résultats les plus inquiétants de ce sondage (mené auprès d’un échantillon de 996 personnes représentatif de la population française), figure la part des Français ayant connu ou ayant été sur le point de connaître une situation de pauvreté. Elle atteint 62% cette année, soit en hausse de 4 points par rapport à l’an dernier, atteignant quasiment le chiffre record datant de 2014. Une fragilité financière qui touche en premier lieu les catégories populaires (80% des ouvriers par exemple). «Parmi les personnes vivant dans les communes rurales, zones où la population est constituée d'une part importante d'ouvriers et d'employés, le niveau monte à 69%», relève le Secours populaire.
Et quand on parle de pauvreté, les Français la situent cette année en dessous de 1396 euros par mois. Un «seuil de pauvreté subjectif» qui augmente pour la troisième année consécutive (+19 euros par rapport à 2023). Il «n'avait jamais été porté aussi haut par les personnes interrogées, le plaçant pour la première fois à 2 euros du Smic (1398 euros nets pour un mois travaillé à temps plein)», pointe le Secours populaire. Toutefois, ce montant n’est pas le même suivant le profil des sondés. Par exemple, les habitants de l’Île-de-France estiment qu’on est pauvre si l’on gagne moins de 1431 euros par mois. C’est 43 euros de plus que le reste des Français. Le Secours populaire observe par ailleurs «une tendance des catégories aisées à considérer davantage de personnes comme pauvres» - le seuil de pauvreté subjectif pour les Français les plus riches s’établissant en moyenne à 1457 euros mensuels.
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Énergie, vacances... Des difficultés budgétaires records
Autre chiffre plus que préoccupant, même s’il est en légère baisse par rapport à l’an dernier (-2%), 16% des Français sont à découvert chaque mois. Parmi les ouvriers, cette proportion s’avère deux fois plus élevée (31%). Au total, plus de la moitié des répondants (52%) déclarent ne toujours pas réussir à mettre de l'argent de côté (-1 % en un an). La sortie de la crise inflationniste ne se voit donc toujours pas dans le quotidien des Français. Pire, les arbitrages budgétaires semblent plus difficiles que jamais. Près d’un Français sur deux rencontre des difficultés pour partir en vacances au moins une fois par an (48%) et payer ses dépenses d'énergie (47%), soit des niveaux jamais vus dans l’histoire de ce baromètre, dont c’est la 18e édition. Elles sont telles que 43% des personnes interrogées disent ne presque pas chauffer leur logement lorsqu'il fait froid, «parfois ou régulièrement».
Plusieurs autres postes de dépenses enregistrent de nouveaux records en termes de difficultés financières, souligne le Secours populaire. Comme payer son loyer, son emprunt immobilier ou les charges de son logement (38%), pratiquer un sport ou des loisirs (35%), prendre soin de son apparence physique (31%) ou encore payer une mutuelle santé (29%). Encore plus grave, cette précarité pousse un tiers des Français à se priver de nourriture pour boucler les fins de mois. En effet, 32% disent être contraints «parfois ou régulièrement» de ne pas faire trois repas par jour, et 33% des parents affirment ne pas se nourrir à leur faim pour pouvoir nourrir leurs enfants. Et pourtant, malgré cette situation inquiétante, l’étude du Secours populaire se termine sur une note positive : une grande majorité de Français (66%) affirme vouloir s'impliquer pour aider les personnes en situation de pauvreté.