Réforme de l’Aide médicale d’État : face au veto de la ministre de la Santé, Retailleau exhorte Barnier à «arbitrer»
Une bataille gouvernementale se prépare. Nommé il y a bientôt trois semaines à Beauvau, Bruno Retailleau continue d’imposer son style et de détailler sa feuille de route. Chantre d’une réforme de l’aide médicale d’État (AME) en une aide médicale d’urgence (AMU), ce qui limiterait la palette de soins gratuits pour les étrangers en situation irrégulière, le ministre de l’Intérieur ne veut pas céder un pouce de terrain à ses détracteurs.
Si la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a écarté la semaine dernière toute modification du dispositif instauré par Lionel Jospin en 1999, qu’elle dépeint comme «une assurance sur la santé des Français pour éviter certaines contagions», son collègue des Républicains ne l’entend pas de cette oreille. Dans une interview au Parisien publiée ce mercredi, le premier flic de France assume ses différences : «J’ai toujours plaidé pour la transformation de l’AME.» Il se dit même «prêt à avoir ce débat, y compris au sein du gouvernement». De quoi perturber un peu plus l’équilibre d’une équipe déjà fragilisée par une coalition parlementaire instable.
Barnier «fixe la ligne»
Pointant du doigt que la France «est l'un des pays les plus généreux sur les soins», le Vendéen juge que l’AME est «un encouragement à la clandestinité comme l'a montré le rapport Stefanini-Evin». Et de sommer Michel Barnier d’«arbitrer» sur cette question. «C’est lui qui fixe la ligne du gouvernement», clame-t-il. Une réponse à peine dissimulée à la membre du MoDem, qui se poursuit sur la question des conditions d’accueils des immigrés : «Nous demandons aux Français des efforts. Il n'est pas injuste d'en demander également aux étrangers.»