«Avec 2000€ de retraite, vous ne vous en sortez pas si bien» : de Bompard à Chenu, la classe politique refuse la taxation des retraités

«Avec 2000 € de retraite, vous ne vous en sortez pas si bien» : de Bompard à Chenu, la classe politique refuse la taxation des retraités

Astrid Panosyan-Bouvet a proposé de cibler les 40% de retraités les plus aisés pour assurer le financement de la Sécurité sociale. L’opposition s’insurge.

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La nouvelle ministre du Travail doit désormais faire face à la bronca générale. «Taxer des retraités qui ont 2000 euros de retraite, c’est totalement scandaleux», s’est emporté le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, invité ce matin de la matinale de TF1. À l’extrême gauche, Manuel Bompard tient à peu près le même langage. «Les retraités qui gagnent 2000 ou 2500 €, ce ne sont pas les plus riches. Vous ne vous en sortez pas si bien que ça», a-t-il lancé au micro de BFMTV. L’un comme l’autre ne sont pas prêts à laisser passer cette mesure si elle devait être reprise dans le budget 2025. «Les points qui ont conduit à la censure du gouvernement Barnier, il ne faut pas les ramener maintenant…», grince le coordinateur de LFI, un brin menaçant. 

Invitée de la matinale de TF1 mardi, Astrid Panosyan-Bouvet a évoqué la possible contribution de certains retraités au financement de la protection sociale. Cette taxation pourrait, selon elle, porter «sur les personnes retraitées qui peuvent se le permettre», en précisant que «ça peut être 40%» des retraités «en fonction du niveau de pension». «Ça peut être 2000 euros, ça peut être 2500», a-t-elle ajouté. 

«Une spoliation du fruit du travail des retraités»

Depuis hier, cette déclaration - que Matignon a tenu à qualifier de «position personnelle» - est abondamment critiquée par la classe politique, tous partis confondus. Pour Sébastien Chenu, ce sujet est «en train de s’ériger en ligne rouge». Pour lui, une taxation serait équivalente à une «spoliation» du «fruit du travail» des retraités. Il suggère d’aller chercher les économies ailleurs, du côté de l’immigration et de l’Union européenne notamment. «Réserver la prime d’activité aux Français, c’est 1 milliard d’euros qu’on récupère», a-t-il détaillé, avant de cibler la contribution que la France verse au budget de l’UE. Pour Manuel Bompard, coordinateur de LFI, l’effort doit être consenti par les Français les plus riches. Il évoque par exemple «une surcotisation pour les plus hauts revenus».

Du camp central, dont est pourtant issue la ministre du Travail, s’élèvent aussi des voix hostiles, comme celle du député Mathieu Lefèvre. Il a évoqué «une idée antitravail», qui vise «les retraités qui ont travaillé toute leur vie». Le député MoDem Olivier Falorni a affirmé sur Sud Radio, que «ce n’est pas une bonne proposition». «Quand on apprend qu’il y a eu en 2024, 100 milliards d’euros de dividendes distribués dans le CAC 40... Comment peut-on demander une participation à des retraités qui touchent 2000 euros par mois ?», interroge-t-il. 

Laurent Wauquiez, chef de file des députés Les Républicains a émis la crainte, lors du petit déjeuner hebdomadaire organisé à Matignon, que «cela mène à la banqueroute». Le député LR des Hauts-de-Seine, Philippe Juvin, n’a pas fait de longs développements. Lui qui a souvent dénoncé le réflexe d’augmenter les impôts pour réduire les déficits, a écrit «Stop» sur son compte X. Éric Ciotti, le président de l’UDR, évoque «une nouvelle folie fiscale», quand son rival, Christian Estrosi a qualifié la mesure d’«inadmissible».

Parmi les rares défenseurs d’Astrid Panosyan-Bouvet, on peut citer le patron du Medef, Patrick Martin. Et encore, il exprime son soutien du bout des lèvres. «On scie la branche sur laquelle on est assis si l’on surcharge les salariés et les entreprises», a-t-il affirmé, reprenant les arguments de la ministre. Quant à la question de faire cotiser certains retraités considérés comme aisés, «pourquoi pas», dit-il. «Mais temporairement, de manière ciblée et en protégeant les petites retraites.» Au regard de l’hostilité générale qu’elle a suscité, cette proposition pourrait rester «une position personnelle» de la ministre...