Tour de France 2025 : pourquoi il n’y aura pas de point bonus malgré une première semaine accidentée
Depuis plusieurs années, ils étaient devenus une des attractions du début du Tour de France : les points bonus. Placés sur des côtes stratégiques en fin d’étape, ces derniers permettaient à des coureurs de prendre des bonifications de 10, 6 et 4 secondes avant même la ligne d’arrivée. "On l’avait notamment fait à Bilbao ou l’an dernier à Bologne, pour dynamiser la course", se souvient Christian Prudhomme, directeur du Tour de France.
Autre exemple marquant : en 2021, lors du premier des deux passages à Mûr-de-Bretagne, ce qui avait permis à Mathieu van der Poel de prendre le maillot jaune. "Le principe des sprints bonus, ou bonifications, était de récompenser les attaques dans les avant-dernières ascensions avant l’arrivée, pour dynamiser la course", explique Thierry Gouvenou, directeur de la course et responsable du parcours. "Ça avait aussi été le cas à Nice en 2022 avec la victoire de Julian Alaphilippe". Mais pas cette année.
Une première semaine taillée pour le spectacle
Avec une première semaine qui s’étale des Hauts-de-France à la Bretagne, en passant par la Normandie, on se dit pourtant que les organisateurs auraient pu mettre un peu de piment au menu. "Si on regarde de loin, c’est un parcours traditionnel avec une longue période de plaine. Mais si on regarde plus précisément, il va y avoir des rendez-vous pour les baroudeurs et les puncheurs du Nord à la Bretagne", prévient toutefois Thierry Gouvenou.
"On a joué la carte des côtes sur toute la première semaine du Tour de France. Cette première semaine est un trompe-l’œil. Sur le papier, c’est de la plaine, mais en vérité il y a une étape pour puncheurs à Boulogne, une autre à Rouen qui peut aussi plaire aux favoris, une à Vire, et bien sûr Mûr-de-Bretagne", détaille Christian Prudhomme, qui ajoute : "Bien sûr ce ne sont pas des grands cols, mais des côtes courtes et très raides. À Rouen, la rampe Saint-Hilaire est digne du mur de Huy !"
"En Suisse normande entre Bayeux et Vire, on a 3 500 mètres de dénivelé avec un final très sélectif, puis l’arrivée le lendemain à Mûr-de-Bretagne. Comme en 2019, on a pris le parti des côtes pour dynamiser la première semaine."
Christian Prudhomme, directeur du Tour de Franceà franceinfo: sport
En vérité, entre Lille et Mûr-de-Bretagne, les sept premières étapes donneront la part belle aux puncheurs et aux attaques. Dans ce contexte, pas besoin d’encourager l’offensive avec des points bonus, estime l’organisation. "On est pragmatique : cette année ça n’avait pas de sens, donc on ne l’a pas fait. Mais, les points bonus, on les remettra en temps voulu", assure Christian Prudhomme. "On a beaucoup travaillé le parcours de la première semaine, et si on avait appliqué notre principe sur les bonifications, on en aurait mis trop, sans doute, et ça aurait eu un poids trop important sur la course", ajoute Thierry Gouvenou.
Des coureurs offensifs, quoi qu'il arrive
Autrement dit, les organisateurs de la Grande Boucle ont préféré encourager l’offensive en dessinant une première semaine très accidentée, plutôt qu’en abusant des points bonus. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour les coureurs, anticipe Yoann Offredo, consultant franceinfo: sport : "Parfois, ça tournait vite en bagarre entre leaders. On se souvient de Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard qui se tirent la bourre pour une bonification, et, du coup, les baroudeurs et puncheurs partis à l’attaque n’avaient plus aucune chance de gagner l’étape."
"Les points bonus ont créé un problème : sur les étapes concernées, c'était très compliqué d’exister pour les très bons grimpeurs, prisonniers de la lutte des cadors pour le classement général."
Yoann Offredo, ancien coureurà franceinfo: sport
Consultant pour France Télévisions, Yoann Offredo s’interroge même sur l’utilité de ces points bonus : "Je n’ai pas l'impression que ça apporte forcément quelque chose…". Un constat accentué par le tempérament des champions actuels, à l’image de Tadej Pogacar, reconnaît Thierry Gouvenou : "Aujourd’hui, les coureurs sont très offensifs, très portés sur l’attaque, donc il y a moins besoin de ces bonifications qui étaient un artifice pour dynamiser la course. Peut-être qu’un jour, elles disparaîtront définitivement, parce que les coureurs ont une tendance à beaucoup plus attaquer qu’avant, lors des années [Chris] Froome."