L’Espagne restitue la première pièce de son inventaire d’œuvres pillées lors du régime franquiste

Le portrait de Don Francisco Giner de los Ríos, enfant, réalisé Manuel Ojeda y Siles, était conservé, avant sa restituion, à la Bibliothèque nationale d’Espagne. Ministère de la Culture espagnol

Après un premier inventaire réalisé en juin par le gouvernement espagnol, mentionnant 5 000 pièces pillées par le régime franquiste, le portrait Don Francisco Giner de los Ríos, de Manuel Ojeda y Siles, marque le point de départ d’une longue série de restitutions d’œuvres d’art.

Passer la publicité

« Le tableau est resté longtemps au fond d’un placard. Là, dans un coin sombre de la Bibliothèque nationale, le régime franquiste l’a caché. Et c’est là qu’on l’a retrouvé, dans des conditions précaires, dans les années soixante », raconte le quotidien espagnol El País. Jeudi, l’Institution d’enseignement libre, qui s’occupe de l’héritage intellectuel a récupéré des mains du ministre de la Culture espagnol, Ernest Urtasun, un tableau pillé par le régime de Franco et déposé pendant des décennies à la Bibliothèque nationale. 

Le portrait de Don Francisco Giner de los Ríos, enfant, du peintre Manuel Ojeda y Siles, est cette fois-ci au centre de tous les regards, devant les autorités et les journalistes. « La toile revient désormais au premier plan de notre histoire, elle retourne chez elle », déclare Ernest Urtasun lors de la cérémonie officielle de restitution. Ce dernier consacre ainsi la première restitution aux propriétaires légitimes, par son département, d’œuvres d’art saisies pendant la guerre civile et la dictature. L’œuvre revient à la Fondation Francisco Giner de los Ríos, gardienne de l’héritage intellectuel espagnol, que le régime franquiste a déclarée illégale en 1940.

Un inventaire de 5 000 pièces

En juin 2024 et avec huit mois de retard, le gouvernement espagnol a publié un premier inventaire dans les 16 musées d’État dépendant du ministère de la Culture, mettant sur la table plus de 5 000 pièces : peintures, des bijoux, céramiques, des sculptures, éventails, meubles, vaisselles. Elles proviennent principalement de saisies effectuées par la République pendant la guerre civile pour protéger les biens artistiques. La dictature ne les a donc jamais restitués à leurs propriétaires une fois le conflit terminé. Mais un travail de longue haleine reste à faire. Dans un article publié le 30 juin, le journal El País suggère que l’inventaire doit être élargi à tous les autres ministères, les musées nationaux, les musées régionaux ou municipaux, les universités et une myriade d’autres institutions qui auraient pu recevoir les œuvres saisies.

En 2022, le gouvernement espagnol a adopté reconnaissant le statut de victime à ceux qui « ont subi une répression économique avec saisies et perte totale ou partielle de biens, amendes, déchéance et éloignement ». Et dans son article 31, elle reconnaît « le droit à indemnisation pour les biens saisis ». Pour le ministre de la Culture espagnol, il s’agit « d’un acte de retour, qui fait partie d’une volonté ferme, de la part de ce ministère de la Culture et du gouvernement espagnol : faire respecter l’esprit et la loi sur la mémoire démocratique et réparer, bien plus tard, le véritable statut et la propriété d’un patrimoine violé et pillé par la dictature.»