Guerre en Ukraine : la Russie a tiré un missile balistique intercontinental sur la ville de Dnipro, affirme Kiev

Guerre en Ukraine : la Russie a tiré un missile balistique intercontinental sur la ville de Dnipro, affirme Kiev

Un ICBM russe Topol-M sur la Place Rouge lors du défilé du Jour de la Victoire à Moscou en 2008. YURI KADOBNOV / AFP

Ce serait la première fois que Moscou utiliserait une telle arme, en l’espèce non équipée de têtes nucléaires, contre l’Ukraine.

Passer la publicité

La Russie a lancé un missile balistique intercontinental (ICBM) en Ukraine ce jeudi matin entre 5h et 7h, a déclaré l’armée de l’air ukrainienne sur sa chaîne Telegram. Le missile intercontinental a été «lancé depuis la région d’Astrakhan», précise le communiqué, près de la mer Caspienne et à plus de 1000 kilomètres de sa cible. Le modèle d’ICBM n’a en revanche pas été précisé.

L’armée russe a aussi tiré plusieurs autres missiles, rapporte également l’armée de l’air ukrainienne qui cite un missile Kinjal tiré depuis un avion de chasse MiG-31K et sept missiles de croisières tirés depuis des bombardiers Tupolev 95MS, dont six ont été abattus par la défense aérienne. «Les autres missiles n’ont pas eu de conséquences significatives», indique le communiqué qui précise ne pas avoir d’information à ce stade sur les victimes possibles du raid.

Si la Russie a utilisé des missiles hypersoniques Kinjal dès le début de son invasion de l’Ukraine en mars 2022 -134 précisément selon le ministère ukrainien de la Défense, c’est la première fois que Moscou lance un missile intercontinental dans la guerre. C’est surtout la première fois que de telles armes, développées durant la guerre froide pour la dissuasion nucléaire, et détenues aujourd’hui seulement par une poignée de pays dans le monde, sont utilisées dans une guerre.

Ces missiles, qui ont une portée de plus de 5500 km, selon la classification internationale, et atteignent des vitesses vertigineuses - jusqu’à plus de Mach 20 peuvent emporter une ogive conventionnelle aussi bien que nucléaire. Les missiles intercontinentaux sont d’ailleurs l’une des principales composantes de la dissuasion nucléaire russe. Tout comme la France a développé ses missiles M-51 mer-sol, dont l’ogive peut contenir jusqu’à 10 têtes nucléaires, qui sont tirés depuis ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.

Avertissements de Moscou

La Russie a multiplié les avertissements à l’encontre de l’Ukraine et des Occidentaux ces derniers jours, en réponse au feu vert donné par les États-Unis à Kiev pour frapper le sol russe avec les missiles balistiques ATACMS qui lui ont été livrés. Les Ukrainiens réclamaient de longue date l’autorisation d’utiliser ces armements mais les Occidentaux craignaient la réaction de Moscou, qui présentait cela comme une ligne rouge.

La Russie a aussi de nouveau adressé des mises en garde nucléaires ces derniers jours, tout en accusant les Occidentaux de «vouloir l’escalade». Selon sa nouvelle doctrine sur l’emploi de l’arme nucléaire, officialisée mardi, la Russie peut désormais y recourir en cas d’attaque «massive» par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire, référence claire à l’Ukraine et aux États-Unis.

Ce changement «exclut de facto la possibilité de vaincre les forces armées russes sur le champ de bataille», a souligné mercredi le patron du renseignement extérieur russe, Sergueï Narychkine, laissant entendre que la Russie allait recourir à la bombe atomique plutôt que risquer la défaite dans une guerre conventionnelle. Washington, Paris, Londres et l’Union européenne ont dénoncé une attitude «irresponsable», tandis que Kiev a exhorté ses alliés à «ne pas céder à la peur».