Elle s’excuse de n’avoir à offrir qu’une tasse de Nescafé. «Je retrouve peu à peu mes marques», lance Fariba Adelkhah en fouillant dans les placards. Petites lunettes noires, silhouette amincie sous une doudoune sans manches, l’ex-détenue de la prison d’Evin, enfin de retour à Paris, reçoit au milieu des livres et des cartons de son bureau de Sciences Po, que ses confrères ont déménagés en son absence. «J’ai tout oublié: mon numéro de carte bancaire, le code de mon ordinateur… Retrouver sa liberté, c’est redémarrer sa vie à zéro», grimace-t-elle.
Quelques jours plus tôt, la chercheuse franco-iranienne, spécialiste du monde chiite, était accueillie dans un amphithéâtre comble, sous les applaudissements de professeurs et étudiants venus célébrer son retour en France, le mardi 17 octobre, après quatre ans et quatre mois d’incarcération et d’assignation à résidence à Téhéran. Sa voix fluette, trop longtemps condamnée au silence, a vite envahi l’espace pour se muer en un chant évocateur, relatant…