Jeux de lasers, écrans géants... les Constellations illuminent le patrimoine de Metz
21 h 15. Alors que les rayons de soleil disparaissent un à un à l’horizon, la ville de Metz se transforme. Ses rues, ses monuments et ses jardins scintillent. Comme chaque soir depuis le 18 juin, la cité lorraine se prépare à accueillir le Festival international Constellations. Dans chacune des rues de son centre-ville, des œuvres d’art numériques resplendissent dans la nuit. Cousine de la fête des lumières de Lyon, un chemin long de quatre kilomètres, guide les curieux vers les œuvres d’art constellées, dispersées dans le centre-ville historique.
Cet événement culturel gratuit vise à rendre le patrimoine accessible à tous. Cette année, la programmation nocturne de Constellations s’est placée sous le thème des « métamorphoses artificielles ». Orchestrées par le commissaire d’exposition Jérémie Bellot - créateur d’un mapping (fresques lumineuses) lors de la réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris -, les « métamorphoses artificielles » invitent les spectateurs à réfléchir « sur la manière dont l’humain transforme par la technologie, son environnement, son corps et la perception du monde ».
L’architecte a commenté la visite devant une armée de journalistes. Intitulé Pierres Numériques, le parcours , qui attire chaque année plus d’un million de visiteurs, débute à 22 heures au Musée de la Cour d’or. Les curieux admirent sur un pan de mur, la vidéo Mixed Realities des artistes italiens et français Francesco Misceo et Ena Eno. Y défilent des séquences en noir et blanc qui représentent la nature puis un danseur. « Cette œuvre est le mélange entre le son, la danse contemporaine et le numérique » précise le créateur Ena Eno.
La cathédrale Saint-Étienne, reine de la soirée
Quelques minutes plus tard, les journalistes sont conduits au sein de l’église des Trinitaires. À l’intérieur de cet édifice du XIIIe siècle, les murs résonnent au rythme d’une musique électronique inquiétante. Au centre de la pièce encore obscure, se dresse une cage conçue par media.tribe, un duo d’artiste russo-espagnol. Tout à coup, un rayon laser bleu apparaît et éclaire les contours de la pièce. Il est rejoint par d’autres faisceaux lumineux qui dévoilent l’immensité de l’œuvre. En levant la tête, le public a l’impression que la cage frôle le plafond.
Après ce premier spectacle de quelques minutes, la visite se poursuit dans les rues. La cathédrale Saint-Étienne, véritable chef-d’œuvre de l’art gothique, constitue le point d’orgue du festival Constellations. Elle se transforme en un écran géant. Il est 22 h 30 lorsque la projection de Terra Forma sur son porche débute. Des premières images futuristes apparaissent. En face, sur la place Jean-Paul II, de nombreux adolescents et jeunes couples se bousculent.
Quelques instants plus tard, la cathédrale s’enflamme puis se noie avant de refléter des images de la voie lactée. « Notre destin n’est pas de devenir poussière mais de revenir étoile » clôt une voix grave. Lorsque les lumières s’éteignent à nouveau, la foule semble conquise et applaudit, extatique. « C’était une première pour nous de faire du mapping en utilisant la cathédrale, confient les membres du collectif Fenschtoast, on est parti sur l’idée du Big Bang et de l’évolution de l’univers, avec le magma qui apparaît, puis l’eau et enfin la civilisation jusqu’à ce que cette dernière se détruise et renaisse».
Le patrimoine religieux sublimé
Les édifices religieux sont nombreux à abriter des œuvres d’art numériques. Situé de l’autre côté de la Moselle, le Temple Neuf, lieu de culte protestant construit au début du XXe siècle par les Allemands, expose la vidéo-projection Motion de Bruno Ribeiro. Le film est un clin d’œil évident aux chronophotographies du britannique Eadweard Muybridge.
Sur l’autre rive, la basilique Saint-Vincent offre un spectacle de laser saisissant. Les spectateurs sont priés de rentrer dans le noir complet. Dans une atmosphère mystérieuse, des bras métalliques se dressent dans la nef de l’église et projettent des rayons rouges. Débute alors un véritable ballet où les lasers tournoient, s’entrecroisent ou quadrillent le sol. Une fois de plus, un tonnerre d’applaudissements retentit.
Le parcours nocturne de quatre kilomètres s’achève vers 1h du matin, à l’église des Trinitaires. Cinq fresques lumineuses conçues par des artistes allemands, roumains ou indonésiens sont projetées à 360 degrés dans le cloître. Ces projections transportent le spectateur dans des univers abstraits, féeriques ou inspirés de l’art de la Renaissance. À la fin, les visiteurs sont invités à voter pour leur mapping favori. Le résultat sera annoncé le dernier jour du festival, le 30 août. En attendant de connaître l’heureux vainqueur, Metz et ses Constellations continueront de briller.
Festival Constellations à Metz jusqu’au 30 août. Le parcours Pierres Numériques est gratuit et visible tous les jeudis, vendredis et samedis soir de 22h à 0h15.