À Paris, faut-il des parkings exclusivement réservés aux femmes ?
Faut-il expérimenter des places de parking réservées aux femmes comme en Allemagne, au Luxembourg ou plus récemment en France dans la ville de Metz ? C’est le souhait de Maud Lelièvre, élue Modem à la Ville de Paris, qui a proposé de mettre en place une expérimentation de ce type. «Combien de femmes ont déjà ressenti cette appréhension en descendra sur un parking tard le soir ? Combien ont modifié leurs horaires pour éviter ce type d’endroit ?», a-t-elle déclaré au Conseil de Paris pour présenter son vœu, même si elle convient que ce «n’est pas une réponse miracle» pour «éradiquer les violences sexistes et sexuelles».
Son idée est simple, signaler des places par un marquage au sol comme réservée aux femmes, près des sorties des parkings, de manière bien éclairée et sous vidéosurveillance. Pour justifier ce besoin, l’élue appelle à un «urbanisme féministe», qui par « réalisme» s’adapterait à des «besoins spécifiques». Il faut «lutter contre l’insécurité et le sentiment d’insécurité», pour que tout le monde ait le droit «de circuler librement et sans peur», ajoute-t-elle.
Mais ce vœu qui a finalement été rejeté à une large majorité ce mercredi 9 avril, n’a pas suscité l’engouement des élus parisiens. Selon David Belliard, candidat écologiste à la succession d’Anne Hidalgo, et adjoint en charge de la transformation de l’espace public, la Ville accorde «une grande importance» à la sécurité dans ses parkings. Il souligne que leurs délégataires doivent assurer soit «une présence humaine sur des horaires étendus», soit installer «des systèmes de surveillance». Selon l’élu, nous sommes désormais loin des parkings «glauques» des années 1980.
Certaines mesures existent déjà
Selon les informations de la ville transmise à nos confrères du Parisien, les contrats de délégation de service public (et donc ceux des parkings) comprennent des exigences spécifiques comme un éclairage efficace dans tous les espaces, une signalisation claire, et des accès sécurisés via les escaliers et ascenseurs. «Bref, il faut surtout des parkings modernes où les usagers et particulièrement les usagères puissent se sentir en sécurité lorsqu’elles viennent se garer et pas seulement sur quelques places, mais bien dans l’ensemble du parking », abonde David Belliard au Parisien.
Ces arguments sont également soutenus par une association féministe, dénommée Action Juridique Féministe. Selon sa porte-parole Violaine de Filippis Abate, «cela part d’une bonne intention, mais pourrait devenir une mesure stigmatisante». Cette dernière décrit auprès de nos confrères de France 3, une proposition «très essentialisante». «Il est très inquiétant de devoir dire à des femmes de se garer à un endroit spécifique pour éviter de se faire agresser », conclut-elle.