Des recours avant même le scrutin ! Dans les comités départementaux et les ligues régionales, rien ne va plus entre les supporters du président sortant de la Fédération française de tennis Gilles Moretton et ceux de son challenger Germain Roesch. Dans plusieurs territoires, des soutiens à Roesch ont vu leur candidature remise en cause par les soutiens de Moretton pour un même motif… l’absence d’une phrase -la même !- dans leur profession de foi.
« Le dépôt d’une liste n’est recevable que s’il est accompagné d’une profession de foi au terme de laquelle la liste s’engage notamment à mettre en œuvre la politique fédérale (…) », selon l’article 45 de la FFT, un article ajouté récemment aux règlements…
Parade judiciaire
« Je ne pensais pas de telles manœuvres possibles dans le tennis ! On n’a pas écrit cette phrase mais quelque chose de synonyme ! » s’emporte Jérémy Chardy. Soutien de Germain Roesch à la présidence de la FFT, l’entraîneur d’Ugo Humbert -finaliste du dernier Masters 1000 de Bercy- est colistier de Nicolas Winograd pour la présidence du comité départemental de tennis des Pyrénées-Atlantiques. Ce dernier a dû se défendre la semaine dernière devant la Commission fédérale des litiges de la FFT et attend sa décision… 48 heures à peine avant le scrutin qui doit se tenir ce week-end. « Cela laisse peu de temps pour se retourner mais nous travaillons, au cas où, à la parade judiciaire », promet Alain Moreau, président de la Ligue Nouvelle-Aquitaine et lui aussi soutien de Germain Roesch.
Patrice Brulez, président sortant de la Ligue des Hauts-de-France depuis sept ans fait lui aussi l’objet d’un recours, pour le même motif, devant cette Commission. Entendu mardi dernier, il attend lui aussi le verdict fédéral à une semaine de l’élection. « Quand j’ai reçu ma convocation, c’est peu dire que je suis tombé de ma chaise. La convocation a été envoyée 24h avant la réunion de la commission des litiges. Ça laisse du temps pour préparer sa défense », ironise-t-il.
Le motif du recours est ridicule.
Patrice Brulez, président sortant de la Ligue des Hauts-de-France
« Cette commission des litiges a été mise en place par l’Assemblée générale de la FFT, donc des soutiens à l’actuel président. Elle n’a aucune indépendance », pointent les deux présidents aquitains et nordistes. « Le motif du recours est d’autant plus ridicule qu’une Ligue ou un Comité départemental doit statutairement appliquer la politique fédérale sans quoi il s’expose à des sanctions financières. À quoi bon obliger de l’écrire tel quel dans sa profession de foi ? », interroge Patrice Brulez.
Ce qui pourrait passer pour une querelle sans importance se révèle toutefois de premier ordre puisque les comités départementaux, comme les ligues régionales disposent de 50% des voix, au côté des clubs, pour l’élection à la présidence de la FFT qui se tiendra en décembre.
Silence radio à la FFT
« Perdre une élection d’accord… mais à la loyale ! » plaide Jérémy Chardy. La semaine dernière à Bercy, le coach d’Ugo Humbert s’est senti comme ostracisé par la Fédération. « En raison de ma candidature, personne ne m’a serré la main et la décision de ne pas faire jouer Ugo sur le Central de Bercy n’y est pas étranger », tacle celui qui est aussi organisateur d’un tournoi à Pau.
Interrogée par Le Figaro sur le nombre de recours déposés, toutes listes confondues, devant sa Commission des litiges, et sur les dates auxquelles les jugements seront rendus, la Fédération française de tennis n’a pas répondu.