France-Japon : les coups de cœur et les coups de griffe de nos envoyés spéciaux

COUPS DE CŒUR

Le grand huit des Bleus

La rentrée des classes est réussie. Un an après la désillusion subie face aux Springboks en quart de finale de «sa» Coupe du monde, le XV de France s’est baladé dans son jardin de Saint-Denis. Avec huit essais à la clé et un match plié dans la première mi-temps (31-0). «Je ne suis pas sûr qu’on marquera huit essais lors des matches à venir, mais ça ressemble à notre feuille de route, à ce qu’on recherche dans l’alternance», apprécie Fabien Galthié. Les promesses d’un nouveau offensif, porté vers les extérieurs et avec plus de possession de balle (finie la «dépossession» !), ont commencé à fleurir ce samedi. Antoine Dupont retient le positif : «On a été pragmatiques sur le début de match, on a joué des ballons de turnover. On avait tous de l’appétit, l’envie d’envoyer du jeu. Il y a eu un peu de déchet, mais la copie est positive, évidemment.» Difficile néanmoins de tirer de vrais enseignements tant le niveau de ce Japon était très faible. Louis Bielle-Biarrey, particulièrement en vue et auteur d’un doublé, sait pertinemment que la marche sera plus haute face aux All Blacks samedi prochain : «Avec les nouvelles directives arbitrales, on a un jeu qui est qui plus porté sur l’offensive. Nous avons un petit peu changé notre système de jeu en attaque et en défense. On s’est plutôt bien trouvé face au Japon mais il faudra que ce soit encore mieux dans une semaine car ce sera un ton au-dessus. On n’aura pas autant d’occasions la semaine prochaine.» 

Le spectaculaire cérémonial d’avant-match

Pour le retour des Bleus au Stade de France, la FFR a mis au point une scénographie vibrante pour lancer la rencontre. Un show lumière et pyrotechnique qui en a mis plein les yeux. D’abord, sur le grand écran, une présentation des joueurs enfin animée. Puis des flammes, des lasers, tandis que l’enceinte plonge dans la pénombre et s’illumine en bleu-blanc-rouge. Un gros nuage de fumée blanche pour l’entrée des gladiateurs. Projecteurs sur les joueurs à l’heure des hymnes. C’était grandiose et spectaculaire. Pas certain que ce soit aussi enlevé et vibrant, jeudi prochain, pour un France-Israël de football sous tension maximale…

Mauvaka était partout pendant 80 minutes

La prestation XXL du Toulousain est encore plus remarquable vu les aléas. Un match commencé à son poste, habituel, de talonneur. Puis une dernière demi-heure en troisième-ligne. Et 80 minutes sur le pré. Sans baisse de régime. Peato Mauvaka a inscrit un essai sur une combinaison de filou en touche avec son capitaine, Antoine Dupont. Il a failli en inscrire un second en position d’ailier. «Mais il n’a pas voulu marquer», s’est amusé Dupont. Il a surtout abattu un travail de titans. Meilleur plaqueur de la rencontre (24) ; 55 mètres parcourus balle en mains (meilleur total pour un avant) ; trois défenseurs battus, 2 franchissements. Une copie presque sans faute (6 plaquages ratés) qui lui a valu les éloges de son sélectionneur. «Il est très très en forme ! On le voit à l’entraînement. C’est un très bon leader de performance pour nous»a salué Fabien Galthié, avouant qu’il aimerait que ses coéquipiers «s’en inspirent» côté performance athlétique.

COUPS DE GRIFFE

Moins subir, être plus disciplinés

À l’heure de débriefer ce large succès, les Bleus étaient d’accord sur un point : tout n’est pas été parfait et il va vite falloir gommer quelques problèmes avant de défier les All Blacks samedi dernier. «On a eu du déchet, on n’est pas satisfait non plus de tout ce qu’on a produit», a ainsi confirmé Fabien Galthié. Parmi les points à revoir : la discipline. Dans un match qu’ils ont dominé de la tête et des épaules, Antoine Dupont et sa troupe ont été sanctionnés à 11 reprises, ce qui n’est pas énorme au niveau international, mais, en face, les Nippons ne l’ont été que 7 fois. Les Bleus n’ont pas eu l’avantage de la possession (46% contre 54%) et ont donc dû se démener en défense (234 plaquages contre 106 pour les adverses). Face aux Néo-Zélandais, il ne faudra pas autant subir, les dégâts seront bien plus importants. «Il faudra moins défendre, confirme Alexandre Roumat, car contre une des meilleures équipes du monde, ce ne sera pas évident...» 

Le Japon, soleil couchant

Un niveau bien faible. En 2015, les Japonais avaient créé la surprise à la Coupe du monde en Angleterre en arrivant à terrasser l’Afrique du Sud. Quatre ans plus tard, les Brave Blossoms avaient confirmé leur montée en puissance en se qualifiant pour la première fois pour les quarts de finale, après avoir battu l’Irlande et l’Écosse. Une montée en puissance qui ne s’est pas confirmée... La génération actuelle du XV nippon a affiché d’énormes lacunes au Stade de France. Balayée d’entrée et submergée pendant 80 minutes. «En première mi-temps, nous avons explosé face à la puissance physique de la France. On ne pouvait pas faire face à leur puissance», ne pouvait que constater le sélectionneur nippon Eddie Jones. Pour son retour au pays du Soleil-Levant, l’ancien mentor de l’Angleterre avait annoncé vouloir hisser son équipe «dans le top 4 mondial» d’ici la Coupe du monde 2027. Le chantier semble énorme. Voire impossible. «Cette équipe est jeune, et maintenant nous devons nous améliorer physiquement», poursuit Eddie Jones. Il n’y a pas que le physique que les Japonais doivent améliorer s’ils veulent rivaliser avec les meilleurs...

Il manquait du monde aux retrouvailles

Certes, l’affiche n’était pas la plus prestigieuse. Mais on pouvait penser qu’après 391 jours passés loin du Stade de France – pour cause de JO, les Bleus ont joué trois fois en province depuis le quart de finale maudit de la Coupe du monde -, les spectateurs auraient hâte de retrouver les Bleus, d’admirer Antoine Dupont qui, lui aussi, effectuait son retour. Mais il n’y avait «que» 50.000 spectateurs pour ces retrouvailles. À en croire les commentaires de supporters sur les réseaux sociaux, la politique tarifaire de la FFR, qui n’a pas proposé de prix cassés pour ce match face au Japon, a eu raison de l’envie de certains. Si le troisième niveau était fermé, pour raison d’économie, cela n’a pas empêché les présents de mettre de l’ambiance dans le stade. Beaucoup d’encouragements, des milliers de petits drapeaux tricolores frénétiquement agités. Le public a chanté, a applaudi, s’est amusé. Et la fête était quand même au rendez-vous. «J’attendais ce moment, ça a fait plaisir de retrouver le public, le Stade de France avec un match comme ça. Il nous tarde d’être à la semaine prochaine», a ainsi apprécié Antoine Dupont.