Est-il plus dangereux de vivre dans les pays des Balkans, au Sénégal ou en Jordanie qu’en France ? Selon un classement établi par l’Indice mondial de la paix pour 2025, la France est moins bien notée que ces États en termes de paix et de sécurité. Publiée le 16 juin par le think tank Institut for Economics and Peace (IEP), cette étude classe l’Hexagone à la 74e position (sur 163 pays recensés), faisant de celui-ci le quatrième pays avec le «niveau de paix» le plus bas d’Europe, devant la Grèce, la Biélorussie et, naturellement, l’Ukraine. En 2010, ce même classement attribuait à la France la 36e place mondiale.
Référence mondiale de l’étude de la sécurité nationale et internationale, l’IEP publie tous les ans depuis 2008 l’Indice mondial de la paix, repris par de nombreux titres de presse internationaux, des ONG ou des organisations intergouvernementales telles que l’OCDE, le secrétariat du Commonwealth, la Banque mondiale et les Nations Unies.
Cet indice mesure «l’état de la paix» dans trois domaines principaux, à savoir le niveau de sûreté et de sécurité au sein d’un pays, l’ampleur des conflits nationaux et internationaux en cours, ainsi que le degré de militarisation. Chaque pays est noté de 1 à 5 sur 23 catégories d’analyse, 1 correspondant à un excellent niveau de paix et de sécurité, 5 au plus grave. Si l’on retrouve des critères comme la perception de la criminalité, le taux d’incarcération, l’impact du terrorisme ou encore la répression politique, des éléments inhérents au statut de puissance mondiale sont pris en compte, tels que les conflits externes, les exportations d’armes, ainsi que la détention d’armes nucléaires. Sur ces trois points, la France est créditée d’une note de 5 sur 5, soit le pire échelon.
Niveau «moyen» de paix
Selon les données présentées par le think thank, la France possède un «indice de paix» général de 1,97 sur 5, et se classe à la 74e position d’un tableau dominé par l’Islande, l’Irlande et la Nouvelle-Zélande, et clos par la Russie. Depuis 2016, la note de l’Hexagone s’est dégradée : le pays est passé d’un niveau «haut» à un niveau «moyen» de paix, conséquence des sanglants attentats de 2015, qui ont fait croître le critère «impact du terrorisme» de 2 à 3,34 sur 5. Hormis les «années Covid» 2020 et 2021, émaillées de confinements successifs qui ont fait reculer la criminalité, la France n’est plus remontée à l’échelon «haut niveau» de sécurité, auquel appartiennent tous ses pays limitrophes (la Suisse est quant à elle à un «très haut niveau» et se classe 4e du classement global).
D’autres critères ont connu une forte poussée, comme la participation à des conflits externes, qui est passée de 2,9 en 2020 à 5 en 2025, en raison notamment de la guerre d’Ukraine, qui a entraîné le soutien militaire de Paris à Kiev, ainsi qu’une intensification du déploiement des forces françaises sur terre et sur mer. Après une parenthèse plus calme pendant les années Covid, l’indice des manifestations violentes est reparti à la hausse, passant de 1,5 à 2,25 entre 2023 et 2025. À l’inverse, d’autres critères, tels que les décès dus à des conflits internes ou l’impact du terrorisme, ont connu une baisse drastique.
L’Indice mondial de la paix 2025 révèle selon l’IEP «un déclin continu de la paix dans le monde, avec de nombreux indicateurs clés qui précèdent les conflits majeurs plus élevés qu’à tout autre moment depuis la Seconde Guerre mondiale ». Le think tank théorise l’idée d’une «Grande Fragmentation» qu’il définit comme un «remodelage fondamental de l’ordre mondial marquant l’émergence d’une nouvelle ère géopolitique». Nombre record de conflits actifs entre États depuis 1945 (59), détérioration de la paix mondiale, internationalisation des conflits, «impact économique mondial de la violence», triplement du nombre de «pays influents» à l’échelle mondiale depuis la fin de la guerre froide...selon le cercle de réflexion, les raisons de cette «fragmentation» sont nombreuses et contribuent à ce déclin.