Droits TV du football : quel poids pèse la Ligue 1 française face aux autres championnats européens ?
Le foot français encore en zone de turbulences. Un peu plus de quatre ans après le fiasco Mediapro, la Ligue 1 connaît de nouvelles difficultés avec son diffuseur, DAZN. La plateforme britannique menace en effet de ne pas payer sa quatrième échéance prévue ces jours-ci. De quoi pousser la Ligue de football professionnel (LFP) à convoquer en urgence un conseil d’administration ce mercredi pour évoquer la question des droits TV, et à a assigné en référé DAZN devant le tribunal de commerce de Paris pour s’assurer du paiement de cette traite. Le diffuseur se plaint des conditions d’exploitation difficiles, en grande partie liées au piratage. Cette diffusion illicite coûte 290 millions d’euros par an au secteur du sport dans sa globalité, selon une récente étude de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel. Un piratage massif qui semble empêcher DAZN de rentrer dans ses frais.
Et pourtant, comparé à nos voisins européens, la plateforme britannique paie beaucoup moins cher pour retransmettre le championnat français (huit matchs par journée sur neuf). À l’issue d’un long feuilleton l’été dernier, le groupe, qui se présente comme «le Netflix du sport», avait emporté la mise pour 400 millions d’euros par saison jusqu’en 2029. Le diffuseur qatarien beIN Sports était venu compléter l’offre en apportant 100 millions d’euros pour un match par journée. Au total, les droits TV de la Ligue 1 s’élèvent donc à 500 millions d’euros par an (pour les droits domestiques), alors que la LFP espérait au départ en obtenir un milliard d’euros. Le contrat de diffusion portant sur la période 2024-2029 est par ailleurs en nette baisse par rapport au précédent contrat (2021-2024), qui atteignait 624 millions d’euros annuels.
Avec 500 millions d’euros par saison, la Ligue 1 est à la traîne des autres membres du Big 5, les cinq plus grands championnats européens. Un top 5 sur lequel trône la Premier League anglaise, qui a - fin 2023 - négocié un nouveau contrat avec ses partenaires historiques, Sky Sports et TNT Sports, atteignant 1,67 milliard de livres (1,95 milliard d’euros) par saison en moyenne pour la période 2025-2029. Une légère augmentation de 4% par rapport au contrat actuel (1,66 milliard de livres par an, soit 1,94 milliard d’euros). À noter qu’il s’agit tout de même d’un montant moindre par rapport au record absolu datant de la période 2016-2019 (1,71 milliard de livres par saison, soit environ 2,3 milliards d’euros).
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L’Allemagne également au-dessus du milliard
Avec le championnat anglais, l’Allemagne est le seul pays à dépasser également le milliard d’euros de droits TV par saison. En décembre dernier, pour le troisième cycle consécutif de quatre saisons, la Ligue allemande (DFL) est parvenue à commercialiser ses deux championnats (première et deuxième divisions) à plus d’un milliard d’euros. Sur la période 2025-2029, les deux diffuseurs DAZN et Sky devront s’acquitter de 1,12 milliard d’euros par an pour retransmettre les rencontres de Bundesliga dans la zone germanophone. C’est un tout petit peu plus que le contrat actuel (1,10 milliard d’euros pour 2021-2025), mais légèrement moins que durant la période 2017-2021 (1,16 milliard d’euros).
De leur côté, les droits TV en Espagne et en Italie frôlent le milliard d’euros par saison. De l’autre côté des Pyrénées, raflés par les diffuseurs Movistar et DAZN pour la période 2022-2027, ils se montent à 990 millions d’euros par saison, contre 980 millions d’euros sur le cycle 2019-2022. Lors de son dernier appel d’offres fin 2023, la Ligue italienne a connu des déboires similaires à son homologue française : elle a cédé ses droits TV à DAZN et Sky pour 900 millions d’euros par saison jusqu’en 2029, soit un montant inférieur aux 927,5 millions d’euros perçus entre 2021 et 2024, et aux 973 millions d’euros de la période 2018-2021.
Si la France est loin derrière les quatre autres membres du Big 5 européen, elle garde un bon matelas d’avance sur ses autres voisins européens. Derrière les 500 millions de la Ligue 1, on retrouve en effet le championnat portugais, avec des droits TV de 190 millions d’euros par saison, puis l’Eredivisie néerlandaise (150 millions d’euros). En Belgique, ils sont tombés à 84 millions d’euros par an pour le cycle 2025-2030, contre 103 millions d’euros pour le précédent contrat.