Tarification progressive de l’eau : comment les villes essaient (sans succès) de ne pas pénaliser les familles nombreuses
Le 1er janvier, la métropole de Lyon a fait une annonce a priori plaisante. «Les premiers m³ d’eau de nos habitants sont désormais gratuits, jusqu’à 12 m³ par logement, pour garantir les besoins vitaux», a écrit sur Twitter Bruno Bernard, président écolo de ladite métropole. «L’eau n’est pas une marchandise comme une autre» a-t-il ajouté. Dans cette région, cette ressource précieuse dépend du Rhône, dont le débit devrait baisser de 20 à 30% à l’horizon 2050. Sur le réseau social, l’annonce a été accueillie par des commentaires au mieux dubitatifs. «Si c’est gratuit, c’est que certains paient plus» ont grosso modo répondu les internautes. La gratuité des premiers m³ est en effet la première étape d’une tarification progressive qui alourdira le prix des grandes consommations. Dans la métropole de Lyon, en dessous de 12m³/an - sachant que les Français utilisent en moyenne 54m³/an - il n’y aura désormais pas à délier la bourse. Entre 12 et 180m³, ce sera 1,29 euro HT par m³. Au-dessus de 180m³, doublement du tarif, 2,59 euros HT.
«Une tarification qui distingue les usages», défend Anne Grosperrin, vice-présidente de la Métropole Grand Lyon et présidente de la Régie Eau publique du Grand-Lyon. Se laver ou boire font partie des besoins vitaux. Laver son Audi ou arroser ses bégonias des usages d’agrément. D’ici à 2035, la mesure doit inciter les 380.000 abonnés de la Régie Eau publique à consommer 15% d’eau en moins. La métropole de Lyon suit les traces de Dunkerque, Rennes, Montpellier. Des 8% des communes qui ont choisi ce modèle*. Pourquoi si peu ? Parce qu’il a tendance à pénaliser une partie des usagers. Dont les familles nombreuses.