Le jeu reste plus ouvert que jamais. Alors que des rumeurs vont bon train dans le petit milieu politique au sujet d’une possible dissolution en cas de chute de Sébastien Lecornu - ce qui entraînerait de nouvelles législatives anticipées - certains ont les yeux tournés vers la présidentielle de 2027. Une échéance majeure de la vie politique prévue dans moins de vingt mois. Si quelques figures sont déjà sur la ligne de départ à l’Élysée, comme l’ancien premier ministre Édouard Philippe ou la chef de file des députés RN Marine Le Pen, rien ne garantit à ce jour qu’ils seront les candidats définitifs de leurs camps respectifs. D’autant que d’autres personnalités politiques, aux ambitions supposées, affûtent leurs armes en coulisses.
Dans ce contexte d’incertitude entourant le casting présidentiel, les instituts de sondage multiplient les hypothèses dans leurs enquêtes. C’est le cas de l’Ifop-Fiducial qui, en partenariat avec L’Opinion et Sud Radio, livre ce lundi de nouvelles intentions de vote pour le premier tour, déclinées en six scénarios différents.
Premier enseignement de cette étude, réalisée du 24 au 25 septembre : le Rassemblement national (RN) caracolerait en tête du scrutin avec entre 33 et 35% des voix. Signe que les sympathisants nationalistes ont parfaitement intégré l’éventualité d’une candidature de substitution de Jordan Bardella à celle de Marine Le Pen - empêchée, pour l’heure, de concourir une quatrième fois à l’Élysée, dans l’attente de son procès en appel en 2026 -, les deux têtes du parti à la flamme font quasiment jeu égal. Testé dans cinq configurations, le jeune dauphin se paie même le luxe de devancer sa mentor (33%) dans quatre d’entre elles, en recueillant un à deux points de plus.
Le bloc central en perte de vitesse
Un score peu ou prou équivalent à celui enregistré par le RN l’an dernier, que ce soit lors des européennes (31,37%) ou au premier tour des législatives consécutives à la dissolution (33,15%). Et qui représente, dans certains cas de figure, plus du double du celui du deuxième qualifié au second tour - dont l’identité reste encore indéterminée. Côté bloc central, Édouard Philippe tire son épingle du jeu, assurant à ce stade une qualification au second tour pour son camp.
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Jaugé entre 16 et 19% des suffrages, l’ancien premier ministre s’impose dans la bataille des héritiers d’Emmanuel Macron en vue de 2027. Il atteindrait son meilleur score dans l’hypothèse où Olivier Faure représente le Parti socialiste, et son plus bas lorsque ce dernier est remplacé par Raphaël Glucksmann. Car en dehors du maire du Havre (Seine-Maritime) - qui marque le pas par rapport à de précédents sondages - , les portes du second tour se refermeraient sur les autres ambitieux du camp présidentiel, eux aussi en perte de vitesse - Gabriel Attal (10%), Gérald Darmanin (7%) et François Bayrou, (3%) - pour mieux s’ouvrir au fondateur de Place publique.
Glucksmann en dynamique
Chantre d’une gauche sociale-démocrate, l’eurodéputé PS-Place publique confirme sa dynamique, récoltant entre 14 et 16% d’intentions. Un score encore modeste, certes, mais qui le propulserait en finale de la présidentielle contre son collègue de Strasbourg, Jordan Bardella. Dans la guerre des «deux gauches irréconciliables», concept théorisé par Manuel Valls dès 2016, Raphaël Glucksmann gagnerait son pari politique face aux Insoumis - celui de porter une voix modérée à gauche - en devançant Jean-Luc Mélenchon, cantonné entre 12 et 13% des voix. De quoi conforter l’essayiste, qui surperformerait nettement le premier secrétaire du PS Olivier Faure, estimé à 7%, ainsi que le communiste Fabien Roussel, crédité de 3 à 5%.
À droite, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau peine à s’imposer. Le patron des Républicains a beau recueillir entre 9 et 13% des voix - des scores nettement supérieurs à celui de Valérie Pécresse lors de la présidentielle de 2022 (4,78%) - sa qualification au second tour, en dépit d’une barre d’accès relativement basse, paraît encore loin.
Passer la publicitéPorté par une forte actualité internationale (Ukraine, Gaza), l’ancien premier ministre Dominique de Villepin - qui fait à peine mystère de ses ambitions pour 2027 - totaliserait entre 4 et 6% des voix. Il se trouverait alors dans un mouchoir de poche avec le président de Reconquête Éric Zemmour, crédité de 4 à 5% des suffrages. Deux personnalités à la notoriété solide, mais qui, compte tenu des marges d’erreur entourant leurs intentions de vote, pourraient ne pas franchir le seuil des 5% requis pour bénéficier du remboursement de leurs dépenses de campagne.