«Ils vont prendre le Capitole ?» : Le Pen s'attend à «des manifestations» de «l'extrême gauche» en cas de victoire, Bardella n’y «croit» pas

Que se passera-t-il le 7 juillet prochain à 20h dans les rues si le Rassemblement national obtient une majorité absolue ou relative ? Alors que le dernier «rolling» Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI et Sud Radio, publié mercredi, donne le parti à la flamme et ses alliés en tête avec 36% d’intentions de vote, les deux têtes d’affiche du mouvement nationaliste ont étalé leurs divergences sur la contestation des oppositions en cas de victoire. Invité de France 2 mercredi matin, Marine Le Pen a jugé qu'il y aurait «probablement des manifestations dans les rues», en accusant par avance «l'extrême gauche» d'en être «responsable». À l’inverse, «si pour notre plus grand malheur, l'extrême gauche gagnait ces élections législatives il n'y aurait pas une manifestation dans les rues», a poursuivi l’ancienne chef de file des députés RN.

Accusant cette mouvance politique d’«agir depuis toujours par la violence», l’ex-candidate à la présidentielle a cité tour à tour des «attaques» de meetings, le «pourrissement» des manifestations sociales et les «manifestations contre le résultat des élections.» «Ils vont faire quoi demain? Ils vont prendre le Capitole?», a-t-il cinglé en référence à l'assaut du parlement américain début 2021 par des partisans de Donald Trump après plusieurs semaines de contestation des résultats de la présidentielle qui avaient donné Joe Biden gagnant. Avant d’exhorter Emmanuel Macron à «appeler à respecter la démocratie» plutôt que de renvoyer dos à dos les programmes des deux extrêmes qui mèneraient à la «guerre civile», comme il l’a fait en début de semaine.

«La stratégie de la peur»

Une vision pessimiste que ne partage par son jeune dauphin, qui se positionne pour Matignon, Jordan Bardella. Dans une interview à paraître jeudi dans Valeurs actuelles, le président du RN dit «ne pas croire» à des émeutes ou des mouvements violents si sa victoire était officialisée. «C’est l’argumentaire utilisé par nos adversaires dans une stratégie de la peur», raille l’eurodéputé. «Si le RN l’emporte, c’est qu’il aura reçu le suffrage de millions de Français, qui auront préféré nos solutions aux autres projets en lice. Nous aurons donc une forte légitimité pour agir», développe-t-il. Jordan Bardella a beau temporiser, il anticipe déjà «le défilé des professionnels de la manifestation comme à chaque fois.» Des «mouvements» qui, selon lui, «resteront sporadiques et n’auront pas un grand pouvoir de nuisance».

Si personne ne peut dire à l’heure actuelle qui de Marine Le Pen ou de Jordan Bardella a raison, le préfet de police de Paris Laurent Nunez a rappelé mercredi matin sur France Inter que ses troupes «se préparent à gérer toutes les configurations.» «On peut avoir des manifestations de voie publique qui peuvent dégénérer», a-t-il indiqué, en rappelant qu’il y avait eu des «manifestations» dans la capitale après les européennes le 9 juin, qui avaient dérivé en «déambulations sauvages où il avait fallu faire intervenir la force pour éviter des dégradations.»