France-Croatie : orgueil et fierté, mais surtout une question d’honneur
Dans l’histoire de l’équipe de France, il y a des moments charnières qui en disent long sur ce que vous avez vraiment dans le ventre. Vous pouvez dire ce que vous voulez avant le match, le terrain est là pour apporter sa vérité. Finalement, en se faisant balayer par la Croatie jeudi soir (2-0), les Bleus ont réussi à faire ce rendez-vous au Stade de France une affiche très attendue.
C’est déjà une victoire dans un calendrier dont l’intérêt est dominé par la Ligue des champions et certains championnats nationaux. Pas la Ligue 1, restons sérieux. Dimanche soir (20h45), il y aura ceux désireux de voir ces Bleus tomber pour évoquer une fin de règne entamée et les autres, prêts à assister à une remontada doublée d’une qualification au Final Four de la Ligue des nations, compétition qui n’intéresse que ceux qui arrivent dans le dernier carré.
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En novembre dernier, on avait quitté cette équipe de France valeureuse et agressive, forte d’une victoire collective dans un San Siro réduit au silence (1-3), le tout sans des joueurs importants (Mbappé, Dembélé, Tchouameni). Jeudi, on a retrouvé ce groupe, renforcé par le retour des trois tauliers (qui doivent faire bien plus à Saint-Denis), mais finalement dénué de toutes ces idées entrevues en Italie. La faute à un intérêt relatif du voyage en Croatie ? C’est fort possible, tant il leur est demandé de tout gagner, tout le temps. En club comme en sélection. Cela s’entend, mais cela n’excuse pas tout. Le maillot aux deux étoiles vous offre une exposition inégalable, mais il réclame aussi d’en être digne. Ce qui n’a pas été le cas chez les Dalmates.
La fête à Giroud
Ce dimanche, dans un Stade de France qui fêtera une dernière fois Olivier Giroud, meilleur buteur de l’histoire de la sélection avant que Kylian Mbappé ne balaie tout sur son passage, il sera intéressant de voir si la soirée sur la côte Adriatique s’apparentait à un simple accident ou si elle était symptomatique d’un mal plus profond. Perdre n’a rien de déshonorant, le faire deux fois à trois jours d’intervalle, c’est une faute. Faut-il le rappeler, mais dans ce groupe des 23, il ne reste plus que trois éléments qui peuvent se vanter d’être champions du monde (Mbappé, Dembele, Pavard).
En oubliant la victoire en Ligue des nations 2021, les autres n’ont rien gagné en Bleu, même si la finale de coupe du monde 2022 reste encore dans les mémoires. Cet état de fait demande surtout à ces internationaux de se montrer à la hauteur de leurs prédécesseurs. Ce qu’ils font de manière disparate et irrégulière au fil des mois, et notamment lors d’une année 2024 insipide sur le plan du jeu, mais malgré tout accompagnée d’une place dans le dernier carré de l’Euro. Cette soirée dominicale à Saint-Denis doit permettre d’en savoir plus sur la mentalité, le coffre et les ressors qui agitent ce groupe en reconstruction.
Le public attend de retrouver des Bleus conquérants, agressifs et guidés par la même idée collective que la mission du soir est largement dans leurs cordes. Encore faut-il enchaîner trois passes, être solide et avoir ce dégoût de la défaite chevillée au corps. Ce que personne n’a vu jeudi.
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Renverser la table et écraser des Croates, dont l’état de forme interroge avec deux matches en trois jours, serait une bonne idée sur la route qui doit mener cette équipe de France aux États-Unis, au Mexique et au Canada en 2026. Une qualification offrirait joie, tranquillité et une affiche bien plus séduisante en juin prochain contre l’Espagne ou les Pays-Bas. Sans cela, il faudrait déjà entamer les qualifications au Mondial par des rencontres face à Gibraltar et la République tchèque…
On veut montrer un tout autre visage.
Aurélien Tchouaméni
«On ne peut pas dire que c’est un match comme un autre. On n’a pas été à notre niveau lors du premier match. On veut montrer un tout autre visage», a lancé Aurélien Tchouaméni, catastrophique en milieu de semaine et qui ferait bien de monter le niveau d’un cran, tant il n’est pas toujours à la hauteur de son statut de vice-capitaine. Pour emballer le Stade de France et réchauffer les cœurs, Didier Deschamps, qui sait lui aussi l’importance d’un tel match après avoir annoncé son départ en 2026, renouvellera son 11.
Exit Konaté, Digne, Guendouzi, Rabiot, Kolo Muani avec les titularisations attendues d’Upamecano, Hernandez, Koné, Camavinga et Olise. Charge à eux de dynamiter les Bleus et d’embarquer les 80.000 supporters qui n’attendent que ça. Les nostalgiques se souviennent encore du chaudron qu’était l’enceinte de Saint-Denis en 2013, quand l’Ukraine a été renversée (0-2, puis 3-0) avec Mamadou Sakho en héros. Il n’y a rien de comparable, mais si la bande de Mbappé pouvait en faire de même, cela dissiperait les doutes naissants. Gagner, se qualifier et éviter la sinistrose. Est-ce que l’équipe de France en a l’envie et les qualités ? Réponse ce dimanche soir.