Cap Ferret : un promoteur immobilier échappe de justesse à la démolition de ses villas

L’affaire a commencé par la plainte de Pascal Mignery. Ce dernier a signalé aux services d’urbanisme des écarts de construction sur deux villas situées à Petit-Piquey, à Lège-Cap-Ferret, et appartenant à Franck Schikowski, président du pôle habitat de la Fédération française du bâtiment en Gironde. «J’ai acheté ma maison en 2019 et j’ai vu le permis de construire de Schikowski. Il était conforme sur le papier : deux villas avec un nombre de mètres carrés respecté», explique Pascal Mignery au Figaro. Mais très vite, il constate des modifications : «Fin 2019, il a commencé à construire, et j’ai vu qu’il mettait un plancher à l’étage qui n’était pas prévu. Je l’ai signalé à la mairie, mais je n’ai reçu aucune réponse.»

Face à l’inaction des services municipaux, il décide de prendre un avocat en février. «J’ai fait venir un géomètre à mes frais, et la mairie a dû reconnaître qu’il y avait des irrégularités», souligne-t-il. À la suite de leur enquête, les services d’urbanisme ont donc constaté plusieurs infractions : dépassement de l’emprise au sol, débords de toitures non conformes et non-respect des distances réglementaires par rapport à la voie publique.

L’un des points du dossier concernait un déboisement présumé illégal. Le 17 mars 2020, premier jour du confinement en France, des travaux d’entretien avaient été effectués sur la parcelle. Selon Me Marion Sapparrart, avocate de Franck Schikowski, «il y a une différence entre ce qui a été dénoncé et ce qui a réellement été fait. En réalité, un simple nettoyage de la parcelle a été réalisé et un arbre mort a été enlevé. Nous contestions cette infraction». La justice a cependant ordonné la replantation d’arbres, bien que «la nature ait déjà repris ses droits».

Une condamnation mais pas de destruction

Il y a quelques semaines, le tribunal correctionnel de Bordeaux a donc reconnu Franck Schikowski coupable d’infractions aux règles d’urbanisme. Il ne sera cependant pas condamné à la démolition des bâtiments. Le promoteur doit cependant s’acquitter d’une amende de 3000 euros et procéder à diverses mises en conformité : ajustement des débords de toiture, remise en état du caractère boisé d’une partie de la parcelle, respect des distances par rapport à la voie publique, replantation d’arbres et conformité au PLU (Plan Locale d’Urbanisme).

Me Sapparrart estime que «c’était une décision logique de la part du tribunal correctionnel. Il était normal d’apporter des corrections, mais pas d’aller dans les extrêmes en réclamant une démolition». Le voisin indique quant à lui «Ma seule demande maintenant, c’est qu’il respecte le droit des voisins, de la nature et surtout du PLU.» L’avocate du plaignant insiste toutefois que ces irrégularités ne sont pas imputables à Franck Schikowski, mais à des fautes commises par les ouvriers présents sur le chantier, dont le maître d’œuvre. Une procédure a ainsi été engagée afin d’établir sa responsabilité dans ces manquements.