Kenya : cinq cadavres découverts liés à une secte ayant affamé ses fidèles

La police kényane a annoncé ce vendredi 22 août avoir exhumé sur la côte du Kenya au moins cinq cadavres, dont ceux de deux enfants, liés à une secte dont plus de 400 adeptes ont péri après avoir été incités à jeûner jusqu'à la mort.

Cette affaire connue sous le nom de «Massacre de la forêt de Shakahola» a éclaté en 2023, quand la police a découvert dans cette forêt non loin de la localité côtière et touristique de Malindi, quatre cadavres, plusieurs personnes quasi-mortes de faim et des fosses renfermant des centaines de corps. Le gourou de cette secte apocalyptique, Paul Mackenzie, avait incité ses adeptes à jeûner jusqu'à la mort «pour rencontrer Jésus» avant la fin du monde qu'il prévoyait pour 2023.

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Des policiers ont creusé 27 nouvelles fosses présumées sur un site d'environ 2 ha, situé hors de Shakahola près du village de Binzaro, dans le même comté de Kilifi, a indiqué à l'AFP Robert Kiinge, membre de la police criminelle kényane (DCI). «Nous avons retrouvé cinq corps», a-t-il ajouté, précisant que la plupart étaient dans un état avancé de décomposition, signe qu'ils étaient enterrés depuis plus d'un an, selon lui.

«Il y avait les restes d’enfants»

L'un des corps pourrait cependant avoir été enterré plus récemment, sept ou huit mois auparavant, a-t-il estimé. «Il y avait les restes d'enfants», a-t-il poursuivi, estimant leur âge entre cinq et sept ans.

L'enquête se poursuit, a ajouté Robert Kiinge, soulignant qu'aucune hypothèse ne pouvait être avancée sur les causes de la mort avant les autopsies. Selon le policier, «il ne fait aucun doute qu'il y a un lien avec l'ancienne (secte de) Shakahola».

Onze personnes ont été placées en garde à vue après la découverte de ces corps, mais trois d'entre elles sont considérées comme des victimes. «Ces gens que nous détenons aujourd'hui sont des fidèles de Mackenzie», incarcéré depuis son arrestation en avril 2023, a-t-il assuré.

Échec kényan de réguler églises et sectes

Le 12 août, un tribunal de Mombasa, principale ville de la côte kényane, a ajourné le procès pour meurtre de Paul Mackenzie et 28 coaccusés, après que le parquet a fait état de la découverte de nouveaux indices. Paul Mackenzie et plus de 90 co-accusés sont également poursuivis pour terrorisme, meurtre, enlèvement, torture d'enfants et cruauté, des accusations qui donneront lieu à d'autres procès.

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Le massacre de Shakahola avait poussé le gouvernement kényan, accusé de n'avoir rien fait pour empêcher la secte d'agir, à promettre de davantage contrôler les courants religieux les plus radicaux. L'affaire a aussi mis en lumière l'échec des tentatives de réguler églises et sectes flirtant avec la criminalité, dans un pays très religieux, majoritairement chrétien.