Ligue 1 : insouciance, solidité, facteur X… Comment Auxerre a fait de l’Abbé-Deschamps une forteresse imprenable

Avant de jouer sa survie en Ligue des champions (mardi prochain à Salzburg), le Paris Saint-Germain a rendez-vous en terre hostile. Le leader parisien se déplace à Auxerre, ce vendredi (21h), lors de la 14e journée de Ligue 1. Une affiche de gala en Bourgogne qui réunira 17.000 spectateurs (dont 880 supporters parisiens) dans les tribunes de l’Abbé-Deschamps, véritable forteresse imprenable depuis quasiment trois mois. 

Le 14 septembre dernier, l’AJ Auxerre s’inclinait lourdement à la maison face à l’AS Monaco (0-3) après une victoire inaugurale contre son voisin azuréen de l’OGC Nice (2-1), le 18 août. Depuis, Brest (3-0), Reims (2-1), Rennes (4-0) et Angers (1-0) sont tombés, voire ont complètement coulé, dans l’antre de l’AJA, surprenant 8e au classement avant ce week-end. Et ce, malgré un coup d’arrêt dimanche dernier à Toulouse (0-2), consécutif à trois succès de rang (Rennes, Angers et le carton au Vélodrome face à Marseille). «Toulouse comme Saint-Étienne (3-1, NDLR), sont un peu les deux mêmes défaites. Nous ne sommes pas entrés dans ces matchs avec la même volonté, a regretté à l’AFP Christophe Pélissier, l’entraîneur auxerrois. Pour moi, il n’y a jamais de mal pour un bien. Il y a simplement à faire comprendre aux joueurs que tous les matches de L1 sont très difficiles, et que le jour où on est moins bien, on est sanctionné, comme à Toulouse. Maintenant, il ne faut pas remettre tout en cause mais se remettre au travail pour bien finir l’année civile 2024.»

Le «petit truc en plus» Hamed Junior Traoré

Rebond attendu donc. Et cela tombe bien, les Bourguignons retrouvent à partir leur public bouillant et leurs repères pour deux «chocs» face au PSG ce vendredi puis Lens, le 14 décembre. Reste à appliquer de nouveau leur recette victorieuse. Meilleure défense de l’élite à domicile (5 buts encaissés, à égalité avec Paris, l’ASSE et Rennes), les Bleu et Blanc culminent à deux buts marqués en moyenne sur le plan offensif (12 en 6 rencontres). Une efficacité incarnée les attaquants de soutien : Gaëtan Perrin et Hamed Junior Traoré. Le premier cité, formé à l’Olympique Lyonnais, entretient de belles statistiques (4 buts, 4 passes décisives) et s’est particulièrement illustré en maltraitant le Stade Rennais (4-0) avec un doublé marqué en première période.

Le second, révélation de la saison, prêté par Bournemouth, a délivré l’Abbé-Deschamps lors des réceptions de Reims (2-1) et surtout Angers (1-0), d’une tête rageuse au bout du temps additionnel. «Nous avons ce petit truc en plus qui s’appelle Junior (Traoré) et qui nous sort une belle épine du pied», se félicitait Pélissier dans la foulée de la victoire arrachée contre le SCO, le 24 novembre. Il faut dire que ce «petit truc en plus», passé par Sassuolo et Naples en Italie, incarne l’insouciance du jeu auxerrois, qui passe beaucoup par ses pieds soyeux. Décisif (6 buts et une passe en 11 matchs), Hamed Junior Traoré brille et fait briller ses coéquipiers, bien rodés dans un 3-4-3 presque inamovible.

Un cocktail d’expérience et insouciance

Adepte des renversements de jeu - Auxerre est la 4e équipe dans le top 5 européen à réussir le plus de transversales de minimum 40 mètres (65) derrière la Real Sociedad (67e), le FC Barcelone (71) et le Real Madrid (88) -, comme décrypté par nos confrères de l’Equipe , le champion en titre de Ligue 2 s’appuie sur un mélange d’expérience et de fraîcheur. Les cadres Donovan Léon (32 ans), Jubal (31 ans, capitaine) et Rayan Raveloson (27 ans) entourent avec succès une jeunesse incarnée notamment par le milieu formé au club Kevin Danois (20 ans), le piston droit néerlandais Ki-Jana Hoever (22 ans) et le facteur X Traoré (24 ans).

Jusqu’ici, le cocktail auxerrois fonctionne à merveille mais se montrera-t-il à la hauteur du défi parisien ? Certes, le bateau de la capitale mené par Luis Enrique tangue fortement suite au piètre matchnul concédé face au FC Nantes (1-1) au Parc des Princes. Toujours est-il que le PSG reste invaincu en championnat et n’a guère été accroché qu’à Reims (1-1) et Nice (1-1) hors de ses bases.

«Nous n’avons pas les mêmes soucis que les Parisiens, mais je suis persuadé que ce n’est pas le bon moment pour les jouer car ils sont un peu critiqués. Ils ont toujours des réponses à donner sur le terrain, se méfie Christophe Pélissier. J’espère qu’on n’en sera pas les victimes. Mais quoi qu’il arrive, c’est un match super intéressant à jouer. Nous avons lutté toute la saison dernière pour disputer ces matches-là. Il faut y aller avec de l’enthousiasme et non en victime même s’il n’y a pas photo entre les deux effectifs.» Pas de position victimaire ni de complexe pour le promu auxerrois et son public, qui raffolent de leur costume d’outsider.