Un trésor d’outre-mer mis au jour. Le bureau d’études Éveha a découvert au mois de juillet un immense site de la période Saladoïde moyenne (IVe - VIIe siècles), rattachée à la culture précolombienne, sous un Club Med à Sainte-Anne en Martinique. L’entreprise de fouilles archéologiques privée explique que cette opération, dirigée par Guillaume Seguin, a « révélé des découvertes sans précédent concernant les modes de vie et les pratiques funéraires des populations amérindiennes ».
Un total de 257 structures a été retrouvé sur le site des Boucanniers, une zone à mi-chemin entre la plage et des marais, où un complexe vacancier faisait l’objet de travaux de rénovation et d’extension. Parmi elles figurent quelque 73 puits amérindiens, le plus grand nombre de structures de ce genre jamais retrouvé dans l’archipel des Petites Antilles. « Face à l’absence de cours d’eau, les populations Saladoïdes de la Pointe Marin ont mis au point une stratégie d’approvisionnement en eau douce innovante », estime Éveha.
Passer la publicitéCes dizaines de puits étaient creusés pour certains à plus de deux mètres de profondeur. Ils permettaient d’atteindre une nappe phréatique que les Amérindiens exploitaient grâce à « une technique de cuvelage unique ». Entre 200 et 250 vases servant principalement à la consommation de ouïcou - une sorte de bière de manioc fermentée - ont été retrouvées lors des fouilles. Mais également des « graines, fragments végétaux, objets en bois, calebasses et fibres tissées », précise Éveha.
Quatorze sépultures retrouvées
Les recherches archéologiques ont aussi mis au jour quatorze sépultures primaires « offrant des informations précieuses sur les pratiques funéraires ». Le corps excavé d’un enfant de deux ans, par exemple, a révélé l’importance accordée à l’inhumation dès le plus jeune âge dans les civilisations précolombiennes. Il aurait été enterré par le chef de tribu, dit le cacique, sur un duho, un siège cérémonial en bois. D’autres corps ont été retrouvés à proximité. Ceux d’adultes recouverts de coquilles de lambis, de blocs de coraux ou de pierres, placés dans diverses positions et témoignant, selon les archéologues, d’un « emmaillotement des défunts dans des hamacs ».
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La découverte à Sainte-Anne a permis de documenter de nombreuses pièces du quotidien comme des haches ou herminettes en lambis qui servaient à fabriquer des outils. Un pétroglyphe - dessin symbolique gravé sur une roche naturelle - a été identifié sur un gros galet d’une vingtaine de kilos. Il représente un visage pouvant « enrichir considérablement les connaissances sur l’art amérindien de l’île ». Dans son communiqué, Éveha précise que des fouilles sont encore organisées sur le site de Pointe-Marin.