Notre critique de 13 jours, 13 nuits, derniers jours à Kaboul

Ça n’est pas le moment de fêter l’Assomption. Ce 15 août 2021, à Kaboul, les Américains plient bagage. Les talibans sont de retour. Sur leurs Jeep flotte le drapeau blanc orné de slogans islamistes. Une pagaille sans nom règne dans les rues. La peur est au rendez-vous. Au milieu du chaos, seule l’ambassade de France représente un refuge à peu près sûr. Des centaines d’Afghans prennent d’assaut le bâtiment. À l’intérieur, le commandant Mohamed Bida (Roschdy Zem) essaie de maintenir un semblant d’ordre. Il accepte d’accueillir une foule de réfugiés. Au loin, il y a l’aéroport. Le but est d’organiser un convoi jusque-là.

Le commandant Mohamed Bida s’agite, passe son temps le téléphone vissé à l’oreille. Les ordres officiels sont contradictoires. Des hélicoptères zigzaguent au-dessus de la cour. Quelle pagaille ! Une femme, membre d’une ONG, et sa mère sont aux cent coups. Une journaliste tend son micro sous tous les nez qu’elle croise. Avec son foulard rouge, Kate (Sidse Babett Knudsen) est une baroudeuse. Elle en a vu d’autres. On n’est pas certain que l’actrice danoise tienne là son rôle le plus probant. La poussière le dispute à la sueur. Les responsables en costume ne comprennent pas grand-chose à la situation. Il faut improviser.

Les scènes à faire sont au rendez-vous

Les barbus ne plaisantent pas. Négocier avec eux constitue un bras de fer permanent. La tension monte. Bida s’adapte, remue ciel et terre. On avance à pas comptés. Des autocars sont réquisitionnés. Sur la route se dressent des barrages. Des belliqueux enturbannés menacent les fuyards. Des cris retentissent dans la nuit. Des hordes dépenaillées sont aux abois. La révolution ne faisant guère de quartier, la vie ne tient plus qu’à un fil. Des cadavres jonchent le bas-côté. Eva (Lyna Khoudri), serrée dans son gilet pare-balles, sert d’interprète, lance des regards affolés ou entendus. Le tout est d’arriver jusqu’à l’avion. Il n’y aura pas de place pour tout le monde. Roschdy Zem, physique et impérial, le visage mal rasé et couvert d’égratignures, mène ses troupes avec une conviction qui force le respect. Avec lui, c’est facile, on irait au bout de l’enfer.

Le film 13 jours 13 nuits, tiré de faits réels, lui doit beaucoup. Les scènes à faire sont au rendez-vous (portail enfoncé par les habitants désemparés, traversée d’une rivière à sec où les familles risquent d’être séparées, dialogues de sourds avec des fonctionnaires butés). Manquent cependant la tension, le suspense. L’action reste un peu monocorde. Dans Argo aussi, où Ben Affleck sauvait des otages à Téhéran, la fin était connue. On la guettait néanmoins avec impatience. Certes, Martin Bourboulon (Les Trois Mousquetaires) a eu des moyens. Ils sont sur l’écran. C’est déjà ça. Ville en flammes, ruines fumantes, carcasses de voiture, cela en jette. Dans la foulée, les producteurs auraient dû songer à payer un scénariste. Apparemment, cette fois, Alexandre Dumas n’était pas libre.

La note du Figaro: 2/4