Philippe Labro, figure emblématique de la culture française, est décédé ce mercredi 4 juin à l’âge de 88 ans. Si son nom est souvent associé à ses activités de journaliste, écrivain, réalisateur, il fut aussi un parolier inspiré, ayant marqué la chanson française par ses collaborations avec des artistes majeurs tels que Johnny Hallyday et Jane Birkin. Le simple fait que Serge Gainsbourg, un des plus grands paroliers de l’histoire de la chanson française, lui confie la majorité des textes de l’album Lolita Go Home de sa compagne, en 1975, prouve qu’il était plus que compétent dans le domaine.
C’est avec Eddy Mitchell qu’il avait entamé cette carrière parallèle, dès 1967,sous le pseudonyme de Philippe Christian. Mais c’est avec Johnny Hallyday qu’il l’avait poursuivie, cette fois sous son vrai nom. Ces deux amoureux éperdus des États-Unis ne pouvaient que se croiser. Leur collaboration commence en 1970 avec Jésus Christ, avec son refrain bien dans l’air de ce temps-là, «Jésus Christ est un hippie». Philippe Labro imagine que si Jésus de Nazareth avait vécu alors, il aurait été un hippie, aurait aimé les filles aux seins nus, participé au festival de Woodstock, fumé de la marie-jeanne et aurait été régulièrement arrêté pour vagabondage. La chanson, que le Vatican ne goûte guère, fait un scandale et finit par être interdite d’antenne. Labro et Hallyday sont menacés d’excommunication. Seule la station Europe 1 fera de la résistance en la diffusant sept fois en une journée. Labro écrit la moitié des textes de l’album Vie : Poème sur la 7e sur un air de Beethoven, ainsi que quatre autres textes sur des compositions originales.
La confiance de Serge Gainsbourg
Labro devient ensuite le premier auteur à écrire un album entier pour Johnny, Flagrant Délit (1971). Parmi les chansons marquantes de cette collaboration figurent Oh ! Ma jolie Sarah, La Fille aux cheveux clairs et Fils de personne, adaptation du Fortunate Son du groupe californien Creedence Clearwater Revival. Plus qu’une collaboration, Labro et Hallyday nouent une véritable amitié. Au micro de RTL en 2020, le parolier considérait pourtant le chanteur comme « son contraire ». « C’est intéressant de se rapprocher des gens contraires, car ils vous apportent plus que des gens qui vous ressemblent », ajoutait-il. Leur collaboration se poursuivra de manière épisodique jusqu’au milieu des années 1990.
Labro prêtera aussi sa plume au titre de Sylvie Vartan La nuit, qu’elle chantera en live à l’Olympia en 1970. En 1975, accaparé par le tournage de son premier film Je t’aime moi non plus, à Uzès dans le Gard, Gainsbourg invite Labro à écrire la majorité des paroles de l’album Lolita Go Home de Jane Birkin, notamment la chanson titre, Bébé Song et French Graffiti. L’album essuiera un échec commercial et prouvera que Jane Birkin était l’interprète idéal des mots de Gainsbourg.