«Les élections présidentielles? Des pseudos-élections, vous voulez dire…» Partout ailleurs dans le monde, une réflexion comme celle-ci semblerait anodine, relevant d’une tendance assez généralisée au désintérêt pour la politique. Mais, dans la Russie de 2024, où un mot de trop peut coûter cher, la réaction énervée de Pavel - appelons-le ainsi - suscite d’emblée l’écoute. L’homme d’une quarantaine d’années s’apprête à prendre l’avion à l’aéroport de Novossibirsk, la «capitale» de la Sibérie, et il est à l’image d’une large partie de la population de sa ville: mécontent. Insatisfait d’une cité géante de plus de 1,6 million d’habitants - la troisième du pays, derrière Moscou et Saint-Pétersbourg -, qui continue de croître mais où il ne fait pas trop bon vivre.
Une ville grandie trop vite sur les rives de l’Ob en à peine plus d’un siècle, menacée de thrombose - elle figure dans le top ten des métropoles les plus embouteillées au monde -, avec son quatrième pont sur le fleuve dont les travaux…