Près de 560 interpellations, deux décès, 700 incendies : l’accablant bilan sécuritaire du match PSG-Inter
Le club, son président et l’un de ses joueurs vedettes, Ousmane Dembélé, avaient appelé à fêter la victoire dans la joie mais sans casse. En vain. À Paris, mais aussi dans d’autres régions de France, le sacre du PSG en Ligue des champions contre l’Inter Milan (5-0) s’est accompagné de son cortège, devenu tristement classique, d’attaques contre les forces de l’ordre, de pillage, de destruction et de violences qui ont tué et blessé. Dans la capitale, la préfecture de police recensait déjà 294 interpellations à 02 heures du matin. Avant même le coup de sifflet final, les forces de l’ordre ont dû faire face à des exactions (jets de projectiles, tirs de mortiers d’artifice...) d’habitude réservées aux quartiers difficiles. Et, les heurts s’étant poursuivis plus avant dans la nuit sur les Champs-Élysées ou encore sur le pont d’Iéna, les chiffres étaient bien plus élevés dimanche matin. De source policière, on évoquait un bilan provisoire à 08h00 de 426 interpellations dont 417 à Paris. À 10 heures, il était déjà monté au chiffre record de 559 interpellations, dont 491 à Paris. Avec à la clé 320 placements en garde à vue, dont 254 à Paris.
Un bilan à comparer avec les quelque 47 personnes interpellées à l’issue de la demi-finale PSG-Arsenal le mois dernier ou avec les 227 interpellations (dont 47 en région parisienne) après la finale de la Coupe du monde 2022. Et le bilan humain est plus lourd encore avec deux morts : à Dax, où un jeune homme de 17 ans a été poignardé, et à Paris, où un conducteur de scooter de 20 ans a été percuté par une voiture de supporters. À Grenoble, un autre véhicule a renversé plusieurs personnes, en blessant grièvement deux d’entre elles. Au total, on déplorerait 192 blessés, essentiellement à Paris, sans oublier 22 membres des forces de l’ordre et sept sapeurs-pompiers. Un policier serait dans le coma ce dimanche matin.
Violences à Alençon, Poitiers, Annemasse, Pau...
La longue liste des «débordements» ne s’arrête pas là. À Alençon (Orne), le conducteur d’une voiture, âgé de 18 ans, a perdu le contrôle et projeté son véhicule dans une vitrine, déclenchant un incendie et l’évacuation de l’immeuble. À Poitiers (Vienne), une voiture de police a été attaquée.
Des magasins ont été dégradés ou pillés sur les Champs-Élysées et aux alentours mais aussi à Annemasse (Haute-Savoie), Pau (Pyrénées-Atlantiques) ou encore Nantes (Loire-Atlantique)... Près de 700 incendies ont dû être maîtrisés et 264 voitures sont parties en fumée.
Les réactions politiques sont tombées dès samedi soir. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a évoqué «les vrais supporters du PSG en train de s’enthousiasmer devant le magnifique match de leur équipe» et les «barbares venus dans les rues de Paris pour commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre», en concluant : «il est insupportable qu’il ne soit pas envisageable de faire la fête sans craindre la sauvagerie d’une minorité de voyous qui ne respectent rien». Après avoir condamné les violences une première fois peu avant minuit, Jordan Bardella est revenu sur le sujet dans la nuit sur un ton plus polémique : «le risque sécuritaire a été manifestement sous-estimé et le dispositif sous-dimensionné. Paris est livrée aux émeutiers». Et d’estimer que Bruno Retailleau «devra s’expliquer sur ce fiasco» avant d’exprimer son «soutien total aux forces de l’ordre qui font de leur mieux face aux violences». À noter que la préfecture de Police de Paris a mobilisé plus de 5000 policiers et gendarmes pour l’occasion.
Sans surprise, la tonalité était bien différente du côté de La France Insoumise. Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis, a dénoncé le «provocateur Retailleau». Et Antoine Léaument, député de l’Essonne et présent sur les Champs-Élysées, a accusé le ministre de l’Intérieur «d’organiser le chaos». Un argumentaire somme toute assez classique d’une extrême gauche pointant les «provocations policières» face à des manifestants «pacifiques». Reste, au-delà de la polémique, ce bilan impressionnant. Et la certitude que tout recommencera au prochain match victorieux.