Après sa chute, pourquoi le Bitcoin ne devrait pas tout de suite repartir à la hausse ?
Et patatras… Après un impressionnant rallye à la hausse depuis octobre dernier, le Bitcoin a connu une sévère correction cette semaine avec, ce vendredi, un cours qui oscillait autour des 79.000 dollars. Un petit tournant sur le très électrique marché des actifs numériques car c’est la première fois depuis le 11 novembre que la reine des cryptomonnaies descend en dessous de la barre des 80.000 dollars. En l’espace de six semaines, et son record historique à quelque 109.000 dollars le jour de l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, elle a dégringolé de plus de 25%. Et dans sa chute, toutes les cryptomonnaies ont suivi le plongeon du bitcoin : l’Ethereum, deuxième cryptomonnaie par capitalisation boursière, a, elle, retrouvé son niveau de décembre 2023.
Le risque d’emballement d’une guerre commerciale tous azimuts a assombri ces dernières semaines l’humeur des investisseurs, les incitant à se débarrasser de leurs actifs spéculatifs ou à risque - comme le bitcoin - pour se réfugier vers des placements jugés plus sûrs et obtenir des liquidités pour couvrir leurs pertes sur les marchés boursiers et le marché des changes. Dans un énième revirement, Donald Trump a annoncé jeudi que les États-Unis imposeraient des droits de douane supplémentaires de 10% sur les produits chinois à compter du 4 mars, a affirmé que les surtaxes visant le Canada et le Mexique entreraient en vigueur le même jour, et - quelques heures auparavant - a annoncé que l’Europe serait également visée par des droits de douane de 25%. De quoi entraîner un nouvel accès de faiblesse du bitcoin.
«Compte tenu de l’environnement macroéconomique, il n’est pas surprenant de voir que nous en sommes là», observe Stefan von Haenisch, de la société de réserve de cryptomonnaies BitGo. D’autant que les investisseurs attendent toujours en vain des mesures concrètes de l’administration américaine en faveur des crypto-actifs. Car c’est en partie grâce à Donald Trump lui-même que le marché a affiché une si bonne forme ces cinq derniers mois. Le magnat républicain a affiché des positions très favorables aux crypto-actifs, ayant affirmé son intention d’assouplir le cadre réglementaire pour les devises numériques, et envisagé la création d’une réserve stratégique nationale de bitcoins qui engloberait les avoirs existants que le gouvernement américain détient dans cette crypto.
La déception des investisseurs
Sauf que… les actions se font attendre. Beaucoup espéraient que Trump annonce rapidement des achats de bitcoin pour alimenter cette fameuse réserve nationale. Mais au lieu de cela, le président des États-Unis a simplement ordonné la création d’un groupe de travail sur les cryptomonnaies. « Le marché est déçu par cela », analyse James Butterfill, responsable de la recherche chez CoinShares. « L’excitation initiale autour des positions de Donald Trump semble entrer dans une phase de recalibration », abonde Gabe Selby, responsable de la recherche chez CF Benchmarks, un fournisseur d’indices d’actifs numériques. « Pour que le sentiment change de manière plus décisive, il semble nécessaire d’avoir un cadre réglementaire plus clair ou un catalyseur majeur comme des approbations supplémentaires autour des ETF ou des changements de politique », estime Gabe Selby.
Un son de cloche qui résonne chez certains analystes. Nombreux sont ceux à penser que le marché devrait rester calme en attendant un véritable signal haussier. Ce signal pourra évidemment se traduire par l’approbation d’un cadre règlementaire clairement favorable aux cryptomonnaies, mais pas que. Le salut du marché pourrait aussi venir d’un assouplissement des taux d’intérêt de la part de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed). Car au-delà des attentes autour de Donald Trump, les crypto-actifs sont confrontés à des vents contraires en raison d’une politique monétaire particulièrement agressive. « Cela accroît toute cette incertitude sur le marché, ce qui n’aide absolument pas le bitcoin. Tant que nous n’aurons pas de clarté sur le futur, je ne vois pas comment les prix pourraient se redresser de manière significative », juge James Butterfill.